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Macroéconomie
08.10.2018
Arne Maes Senior Economist

Prix Nobel d’économie

Le lundi 8 octobre, l’Académie royale des sciences de Suède décernera le prix Nobel d’économie. Comme chacun sait, les voies du comité compétent sont la plupart du temps impénétrables. Nous avons néanmoins souhaité établir un pronostic sur les possibles successeurs de Richard Thaler, lauréat du prix en 2017.

Richard Thaler, qui a obtenu le prix pour sa contribution à la théorie de l’économie comportementale, correspond parfaitement au profil du lauréat ‘moyen’ : c’est un Américain de plus de 65 ans, qui n’a été reconnu que quelques décennies après avoir publié ses principaux résultats.

Lorsqu’on passe en revue la liste des économistes les plus cités au cours des dix dernières années, on y rencontre plusieurs candidats au prix prestigieux.

L’année passée déjà, nous avions plaidé en faveur de Robert J. Barro et Daron Acemoglu. Barro, âgé de 74 ans, fut l’un des créateurs de la dernière itération de la macroéconomie classique. Plus particulièrement, il a contribué à une meilleure compréhension du rôle de la politique monétaire. À 51 ans, Acemoglu est bien plus jeune et se concentre sur le rôle des grandes institutions et la manière dont elles influencent la croissance économique. Bien que ce thème ait certainement sa place dans l’actuel climat politique agité, ce n’est pas demain, semble-t-il, qu’Acemoglu bénéficiera de cette ultime reconnaissance.

Outsiders

La rumeur persistante selon laquelle John List décrocherait le prix circule sur plusieurs forums en ligne. Cet Américain quinquagénaire, qui ne doit pas être confondu avec le criminel du même nom, excelle en recherche appliquée et concentre essentiellement son attention sur l’enseignement, les biens publics et l’économie écologique. Encore selon les rumeurs, List partagerait l’honneur avec Charles Manski, expert en économétrie. Il est intéressant de noter que ces économistes ont tous deux déjà été présentés comme candidats éminents en 2015, en l’occurrence par l’agence de presse Reuters.*

Un peu plus loin dans le classement, on tombe sur Andrei Shleifer. Quoique cet économiste russo-américain ne jouisse pas d’une réputation irréprochable, on ne peut nier sa contribution significative à la branche financière de l’économie comportementale. Étant donné que lors des éditions précédentes, notamment Thaler et Fama se sont vu attribuer le prix en récompense de leurs recherches dans un domaine plus ou moins identique, il y a peu de chances que Shleifer puisse se compter cette année parmi les heureux gagnants.

Une femme, enfin ?

Plus tôt dans la semaine, Christine Lagarde, aux commandes du FMI, a nommé économiste en chef Gita Gopinath, devenue ainsi successeur féminin de Maurice Obstfeld, qui part à la retraite. Avec, de surcroît, Laurence Boone (à l’OCDE) et Pinelopi Goldberg (à la Banque mondiale), le métier d’économiste en chef  au sein des grandes institutions internationales semble de moins en moins dominé par des hommes.

Pour l’instant, cependant, cette même évolution ne s’observe pas encore dans les tableaux du comité Nobel.

Per Strömberg, président du comité chargé de la remise du prix l’an dernier, y voit néanmoins une évolution positive. Il a précisé que les prix sont souvent décernés avec quelques décennies de retard et que, dans les années 70 et 80, les femmes n’étaient tout simplement pas encore aussi fortement représentées dans ce domaine des sciences.

En parcourant le classement des auteurs les plus souvent cités, force est de constater que Carmen Reinhart s’y retrouve toujours seule à son niveau. Cette année sera-t-elle la sienne ? Ce n’est pas si sûr…

* Selon le site web de Clarivate Analytics (qui faisait partie jusqu’en 2016 de Thomson Reuters), la société aurait émis un pronostic correct sur le lauréat du prix Nobel d’économie en 2013, 2014, 2016 et 2017 mais, comme par hasard, pas en 2015.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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