La création d’emplois par les entreprises
Un récent rapport du FMI émet un regard critique sur les starters belges. Il est frappant de constater qu’ils sont moins dynamiques que dans les autres pays de la zone EURO : tant les taux de natalité que de mortalité sont inférieurs à la moyenne de la ZE. De même, les jeunes entreprises à croissance rapide dans notre pays représentent une part beaucoup plus faible de l’emploi total.
C’est vrai pour l’ensemble de la population. Le graphique ci-dessous montre l’emploi moyen par pays pour les entreprises de différentes tranches d’âge. Outre le succès des États-Unis dans chaque catégorie, il est frappant de constater que la Belgique obtient toujours un score inférieur aux Pays-Bas et à la moyenne européenne.
Le rôle de la politique
Dans notre pays, les employeurs « débutants » reçoivent depuis 2016 de nombreuses incitations à recruter leur premier travailleur. Cela se fait sous la forme d’une réduction permanente des charges salariales pour ce collaborateur via une réduction sur la cotisation patronale à l’Office national de sécurité sociale (ONSS).
L’université de Gand en a examiné l’impact. Depuis l’introduction de ces incitants, le nombre d’employeurs débutants – entrepreneurs effectuant un premier recrutement – a augmenté de 31%. Par conséquent, en 2019, on comptait 7% d’entreprises en plus avec exactement un employé. Il n'y a pas eu d’augmentation dans les entreprises comptant plus d’un travailleur.
Également frappant : les nouveaux employeurs ont moins de succès, en moyenne. Selon les chercheurs gantois, ces entreprises ont embauché moins de travailleurs, enregistré un chiffre d’affaires inférieur et créé moins de valeur ajoutée que les entreprises qui auraient embauché un premier travailleur, même sans la dispense.
Choix, choix, choix
Ces chiffres sont confirmés par un travail récent de la BNB. Ils modélisent l’augmentation dans les entreprises à un seul travailleur, en supposant une population active constante. Leur estimation est qu’une légère augmentation salariale (+0,5%) se produira dans une telle situation. Une conséquence de l’augmentation de la demande de travail des nouveaux employeurs.
Il s’agit toutefois d’une réallocation de la main-d'œuvre d’entreprises productives vers des entreprises moins productives. En d’autres termes, l’élévation des charges entraîne une distorsion sur le marché du travail. Conséquence : l’output total diminue légèrement (-0,01 %). Les managers des entreprises à 1 travailleur sont ceux qui progressent dans l’analyse. Leurs revenus augmentent de 6,5 %.
Le grand perdant ? Les pouvoirs publics, qui financent tout cela. En 2023, la mesure a coûté 488 millions d’euros. Comme de nouvelles entreprises sont constamment créées, les économistes gantois estiment qu’en cas de politique inchangée, le coût continuera d’augmenter jusqu’à ce que toutes les entreprises aient un premier travailleur subventionné en service. Ces derniers plaident dès lors en faveur de la suppression ou tout du moins de l’élimination progressive de la mesure, compte tenu de la dérive budgétaire actuelle.
La BNB est plus nuancée. Ses économistes suggèrent que le recrutement par des indépendants apporte également des avantages non monétaires, comme par exemple un tissu social plus fort. Reste à trouver des moyens adéquats pour notamment atteindre la norme-OTAN visant à dépenser au moins 2 % du PIB de chaque pays en dépenses militaires.