L’immense déficit commercial américain s’est invité dans la campagne électorale dès le début et les annonces de mise en place de droits de douane à l’encontre de la Chine, du Mexique et du Canada ont été faites dès les premières heures du mandat Trump 2.0. Depuis lors, un certain marchandage est apparu (moins de taxes en échange d’une meilleure surveillance aux frontières) mais pas pour les produits venus de Chine. Il faut dire que la publication toute récente des chiffres relatifs à 2024 ont dû conforter le président américain : Le déficit commercial des États-Unis (en biens et services) a explosé au cours de l'année 2024, en hausse de 17 % par rapport à l'année précédente, pour atteindre $918 milliards, le pire résultat de tous les temps, hormis 2022. Une partie de l’explosion du déficit au cours des derniers mois de l’année tient au fait que les entreprises américaines ont voulu anticiper les droits de douane et ont donc importé plus que nécessaire avant leur introduction. Sur le seul mois de décembre, le déficit au niveau du commerce de biens uniquement a atteint $122 milliards de dollars, portant le total de l’année à un record historique de $1.211 milliards de déficit. Comparé au résultat du mois d’octobre (avant la victoire de D. Trump donc), le déficit s’est donc aggravé de 24% ! Si l’on enlève les transactions sur le pétrole, qui enregistrent un surplus de $44 milliards en 2024, ceci signifie que la balance commerciale américaine affichait un trou de presque $1.250 milliards en 2024 !
La mondialisation rebat les cartes
La réalité de cette détérioration structurelle de la balance commerciale américaine au cours des 30 dernières années réside dans la mondialisation, le souhait de produire à coûts toujours plus bas et donc de délocaliser la production d’une quantité toujours plus importante de biens là où la main d’œuvre est moins chère et la règlementation en matière d’environnement moins regardante. Au fil du temps, les USA ont ainsi perdu la première place qu’ils occupaient depuis toujours dans la production manufacturière mondiale, et ce au détriment de la Chine, qui produit aujourd’hui à elle seule, plus de 31% du total, contre 15% pour les USA.
L’obsession de Donald Trump est de réduire ce déficit et en particulier le déficit bilatéral enregistré avec la Chine. Sur l’année 2024, ce déficit s'est en effet encore aggravé de 6%, pour atteindre $295 milliards. On sait en outre qu’en réalité, ce déficit commercial est encore plus élevé car une partie des importations américaines a été acheminée par d'autres pays, en particulier le Vietnam et le Mexique, pour contourner les droits de douane imposés sur les marchandises en provenance de Chine depuis 2018.
Le monde change
La preuve de l’ampleur de ce phénomène se mesure par le fait que le Vietnam est à présent le pays avec lequel les USA enregistrent le troisième plus grand déficit commercial, à $123 milliards, juste derrière la Chine et le Mexique. Sur la seule année 2024, ceci représente une aggravation de 18%. Souvenons-nous aussi qu’avant 2019, le Vietnam était un joueur tout-à-fait anecdotique dans le commerce avec les USA.
Les droits de douane n’ont pas fini de faire parler d’eux et de remodeler le monde.