Cela fait plus d’un siècle que la banque encourage l’initiative de ses travailleurs.
Home For Innovation ou encore les Innovation Awards encouragent les membres du personnel à faire preuve de créativité au bénéfice du client. Et si cette idée n’était pas neuve?
Il y a dans les collections historiques de la banque un curieux appareil en bois de 40cm de haut, un assemblage de ressorts et de lamelles en triplex surmonté d’un cochonnet dérobé à un jeu de pétanque. Cette maquette en bois est celle d’un numéroteur en fonte construit vers 1958 par un employé de la CGER, Jean-Louis Boussard, pour équiper une presse chargée de doter tous les carnets d’épargne d’un code alphanumérique spécifique. Cette invention unique a valu à son auteur une prime de 30.000 francs décernée par la Caisse elle-même. Une coquette somme pour l’époque! Mais il est vrai que l’on avait calculé que la machine épargnerait 47 ans de travail d’un employé travaillant 45h/semaine...
Dès les années '20
L’invention de Boussard est un cas particulièrement abouti d’innovation au sein de l’entreprise. Mais cela fait plus d’un siècle que la banque encourage l’initiative de ses travailleurs. Dès 1920, la CGER octroie des gratifications aux agents qui se sont distingués par une proposition "tendant à simplifier les rouages administratifs et à réduire les frais généraux".
En 1925, un chef de bureau nommé Tondeur constate cependant que de nombreuses suggestions formulées spontanément par les employés n’arrivent pas à maturation faute d’une procédure simple pour les accueillir. Il suggère alors que les propositions soient expédiées directement au directeur général et soient traitées de façon centralisée, et que celles étant 'admises' soient récompensées par des primes en argent.
Les boites à suggestions
L’idée de Tondeur avait été lancée dans une période de crise et d’économies obligées. C’est dans un contexte similaire que fin 1942, la direction de la CGER décide de stimuler la production d’idées en créant des 'boîtes à suggestions'. À chaque projet déposé dans une de ces boîtes, un jury composé de cadres supérieurs octroie une cote variant de 1 à l’infini en fonction de son originalité, de l’effort intellectuel fourni et de son impact effectif.
Le succès des boîtes à suggestions est foudroyant. Durant leur première année d’existence, 437 idées y sont déposées! 75% d'entre elles tendent à améliorer, simplifier ou automatiser les procédures. Au total, 167 suggestions sont retenues et récompensées pour des sommes variant entre 100 et 500 francs, pour un montant global de 51.000 francs. 70% des suggestions retenues sont immédiatement mises en œuvre.
L’activité des boites à suggestions se réduit toutefois après la Seconde Guerre mondiale, avant d'augmenter à nouveau lors de la crise des années 1980. Et le montant de la prime atteint alors parfois des montants étonnants, comme pour cet électricien de la maison qui obtint 132.760 francs en 1988 pour avoir adapté le système d’alarme.
Pas que la CGER
Le système de la boîte à suggestions n’a pas été l’apanage de la CGER. En 1947, Jules Bagage, qui préside alors le conseil de la Banque de la Société Générale de Belgique, constitue sur ses deniers personnels un 'fonds perpétuel' destiné à permettre l’octroi de prix à des agents (employés ou ouvriers) qui feraient preuve d’initiative. Des prix annuels ou bisannuels d'une valeur allant de 1.500 à 10.000 francs. Pour organiser le concours, il est installé dans chaque siège de la banque une boîte à suggestions où tous les agents peuvent déposer des notes.
Les suggestions émises sont un excellent reflet de leur époque. C’est ainsi que l’on découvre qu’il y a 70 ans, il n’y avait pas de miroir dans les toilettes des hommes; qu’il y a 50 ans, ce n’était pas encore une pratique courante de décorer les salles de guichets d’arbres de Noël lors des fêtes de fin d’année; et qu’à la même époque, les employées devaient impérativement porter des bas au point que l’une d’entre elles, soucieuse de sa réputation, proposa d’installer un distributeur automatique de bas dans la banque!
Groupes de progrès
Au milieu des années 1980, une nouvelle étape est franchie à la banque avec l’émergence des 'groupes de progrès' ou 'cercles de qualité'. Dès juin 1986, il y en a 24 à la banque. Très vite, les cercles de qualité engrangent des résultats concrets et génèrent des économies de plusieurs millions de francs par an.
Qu’elle soit le fait d’un individu ou d’un groupe, l’innovation a donc une histoire déjà longue et bien remplie. Les archives de la banque permettent d’en retracer l’essentiel.
Voyez nos articles précédents.
La première femme à la banque et l'évolution du rôle de la femme dans le monde du travail
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