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Macroéconomie
21.09.2017
Arne Maes Senior Economist

Les robots vont-il vraiment voler nos emplois ?

L’automatisation de certaines tâches de production menace de nombreux emplois. Le chercheur Acemoglu (un de nos candidats préférés pour le prix Nobel d’économie) l’a démontré noir sur blanc. Aux Etats-Unis, il a constaté que ces dernières années, la robotisation affectait négativement à la fois l’emploi et les salaires. L’économiste américain a analysé l’impact des robots industriels (*) entre 1990 et 2007. Au cours de cette période, le nombre de robots industriels est passé de 0,5 à 2 pour 1.000 travailleurs.

En théorie, deux facteurs entrent en jeu.

D’une part, les robots remplacent la main d’œuvre chère, ce qui fait baisser le nombre de travailleurs et permet aux entreprises concernées de réduire leurs coûts. D’autre part, suite à la baisse du prix de production, la demande pour le produit augmente. Avec une conséquence positive : un besoin accru de main d’œuvre.

Acemoglu a constaté que la première conséquence de la robotisation était de loin la plus importante.

Chaque augmentation du nombre de robots pour 1.000 travailleurs s’accompagne d’une réduction des salaires de 0,25-0,50% et d’une baisse du nombre d’employés de 0,18-0,34% (de la population totale). Aux Etats-Unis, la robotisation semble donc faire des victimes, mais constatons-nous le même phénomène dans d’autres pays ?

Les chercheurs Woessner, Dauth, Findeisen et Sudekum ont analysé la situation en Allemagne et viennent de publier leurs conclusions.

Le graphique ci-dessous indique le nombre de robots industriels pour 1.000 travailleurs en Allemagne, en Europe et aux Etats-Unis. On constate que le nombre de robots a doublé en Allemagne depuis 2000.

L’étude révèle que l’impact des robots sur l’emploi est neutre au cours de la période analysée. La probabilité de maintenir le niveau d’emploi a même augmenté pour les employés travaillant dans les entreprises misant sur la robotisation. Par contre, on constate – pour les niveaux de compétences moyens – une baisse des salaires en cas d’augmentation de l’automatisation. Cet impact est moins important sur les personnes peu qualifiées et nul pour les employés très qualifiés. Ce dernier groupe a même vu sa rémunération augmenter, à cause – selon les auteurs – de leur complémentarité avec les nouvelles technologies.

L’étude suggère que le marché de l’emploi allemand résiste mieux à l’arrivée des robots à cause de facteurs culturels. Les Allemands auraient tendance à considérer que la négocation d’accords salariaux flexibles permet de garantir une meilleure stabilité d’emploi.

Les auteurs concluent que la part des travailleurs dans le PIB a effectivement diminué à cause de la robotisation, et que ce phénomène pourrait provoquer davantage d’inégalités.  Avons nous alors vraiment besoin d'un revenu de base ? 

170921 - ee

(*) définition de la Fédération Internationale de Robotique : robot = machine multifonctionnelle, contrôlée automatiquement et reprogrammable.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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