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Macroéconomie
05.02.2021
Arne Maes Senior Economist

Le télétravail a le vent en poupe

En 2020, nous avons tous (nécessairement) télétravaillé plus souvent. En effet, le coronavirus a fortement accéléré une tendance déjà existante. L’inégalité des sexes dans le télétravail s’est aggravée, et le secteur public reste en tête du classement. Mais entre-temps, le nombre d’heures travaillées par jour est descendu sous le niveau d’avant la pandémie.

Statbel, l’office belge de statistique, nous informe notamment de la situation sur le marché du travail. Nous avons déjà examiné ces données dans nos précédents articles. Depuis peu, Statbel publie également des chiffres mensuels sur le télétravail.

Impact du coronavirus

Il est bien connu que le télétravail a fortement augmenté l’an dernier. Les sondages ERMG de la BNB ont montré que dans les entreprises sondées, un peu plus d’un tiers des travailleurs ont travaillé à temps plein à domicile pendant les premières semaines d’avril 2020. Lors du deuxième confinement de fin 2020 également, selon cette même source, le nombre de personnes qui ont travaillé – ne fût-ce qu’à temps partiel – de chez elles était plus ou moins égal au nombre de personnes ayant travaillé à temps plein au bureau.
Les sondages ERMG montrent en outre que la Covid pourrait bien mener à un grand changement de comportement. Les entreprises interrogées indiquent que la part de travailleurs ayant travaillé au moins un jour par semaine à domicile avant la crise du coronavirus va doubler à l’avenir.

Accélération de la tendance

Néanmoins, la popularité accrue du télétravail n’est pas un phénomène apparu seulement l’année dernière. Le graphique ci-dessous, qui a été établi sur la base de chiffres de Statbel, montre que la progression du télétravail s’est amorcée il y a bien plus longtemps.

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En 2010, 19 % des travailleurs indiquaient travailler ‘parfois’ ou ‘souvent’ de chez eux. Cinq ans plus tard, il s’agissait déjà de 23 %. La hausse s’est poursuivie en 2019 (25 %), encore avant que le coronavirus ne donne un coup de boost à cette évolution.

Les chiffres de Statbel offrent aussi un regard sur la réalité qui se cache derrière la moyenne. 

Là où la part de télétravail était encore égale entre les hommes et les femmes en 2019, le recours au télétravail a plus fortement augmenté chez les femmes en 2020. La part de télétravailleurs parmi les indépendants est restée constante autour des 60 %, alors que de fortes hausses ont été enregistrées parmi les fonctionnaires (de 34 % à 45 %) et les salariés du secteur privé (de 14 % à 25 %).

Que des avantages ?

Un travailleur sur trois a travaillé pour la première fois à domicile en raison du coronavirus. Au cours de 2020, ils ont découvert que des colis sont livrés à domicile tous les jours, que personne ne se réjouit vraiment de faire la navette, et qu’aller remplir tranquillement sa tasse de café à la cuisine a son charme aussi. Mais ils ont également constaté que leurs enfants chéris peuvent être terriblement bruyants en journée, et qu’il est difficile de remplacer les conversations informelles avec des collègues par des appels via Zoom, planifiés de manière fonctionnelle.

Selon une étude récente de NordVPN Teams, le nombre d’heures travaillées par jour était plus élevé pendant le premier confinement que pendant la période qui le précédait. Dans presque tous les dix pays (développés) examinés, le nombre d’heures travaillées par jour était passé de 8 ou 9 heures à 10 ou 11 heures.

Mais chassez le naturel, il revient au galop.

En Belgique uniquement, le nombre d’heures travaillées est ensuite tombé à un niveau inférieur à celui d’avant le confinement. Cela explique sans doute pourquoi plus d’une entreprise sur cinq – d’après le dernier sondage ERMG – considère le ‘manque de contrôle de gestion’ comme un inconvénient majeur du télétravail…

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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