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Marchés Financiers
07.11.2017
Sylviane Delcuve Senior Economist

Le défi du nouveau patron de la Fed : Avoir du doigté

La Fed souhaite faire maigrir son énorme bilan, qui frôle les $4.500 milliards depuis plus de 3 ans. La principale difficulté consistera à y parvenir, sans provoquer de raz de marée sur les marchés financiers. Les prochains mois seront peut-être ceux de tous les dangers ? Voyons de quoi le nouveau patron de la Fed sera capable et à quoi il va s'attaquer en priorité.
 

Ce n’est un secret pour personne, la Fed souhaite faire maigrir son énorme bilan, qui frôle les $4.500 milliards depuis plus de 3 ans. La principale difficulté consistera à y parvenir, alors que de nombreux observateurs commencent déjà à parler du prochain ralentissement de l’économie américaine, et qu’aussi bien la bourse que le marché obligataire sont à des niveaux extraordinairement élevés. Confirmer ce changement de cap monétaire, sans provoquer de raz de marée, va s’avérer délicat et pourtant, il faudra y arriver. C’est la tâche principale de Jérôme Powell, le nouveau patron de la Banque Centrale Américaine.

Pourquoi faut-il resserrer la politique monétaire ?

Ce n’est pas tant que l’économie américaine soit menacée de surchauffe, puisque la croissance y est de 2.3% et l’inflation de 2.2%, mais on comprend bien que ce qui compte, c’est régulariser les choses aussi bien au niveau de la taille du bilan, que pour les taux d’intérêt, afin de créer de la marge de manoeuvre, pour plus tard, au cas où ….

Une autre manière de voir les choses est de regarder en arrière, ainsi que nous l’avons fait sur le graphique ci-contre : on y voit le lien historique entre les taux directeurs et l’inflation. On voit bien qu’aujourd’hui, vu le niveau de l’inflation, il y a de la place pour un resserrement monétaire, même si comparer le passé et le présent n’est jamais chose aisée et que ce qui prévalait hier, n’a peut-être plus lieu d’être aujourd’hui, car les choses changent ….

L’époque est cependant à l’amaigrissement des bilans des banques centrales, même si le besoin n’est pas aussi pressant partout. La crainte première des marchés financiers est de voir comment la fin du Quantitative Easing (QE) en vigueur depuis bientôt 10 ans, se passera dans le contexte actuel, où les activités de « teneur de marché » des banques sont limitées et où leur capital est scruté à la loupe par les régulateurs du monde entier.

Une banque centrale doit, certes, maintenir l’inflation autour d’un certain niveau, elle doit favoriser le plein-emploi, mais elle doit avant tout garantir la stabilité des marchés financiers. C’est sur ce  volet-là que la partie va se jouer au fil des prochains mois.   

M. Powell connait bien les rouages des marchés, et certains disent que ce sera un atout, qui compensera largement le fait qu’il ne soit pas économiste à la base. Certains l’ont déjà entendu parler de ses projets de faire évoluer les contraintes règlementaires des banques, comme la Loi Volcker, qui interdit le trading pour compte propre, ou encore de son souhait de parvenir à ralentir le trading en obligations du gouvernement américain, afin d’éviter les accidents qu’on a parfois connus ces derniers temps, quand le marché s’emballe sans raison.

On le voit, la tâche sera délicate et complexe. Rendez-vous dans quelques mois pour faire un premier bilan.    

 


Les taux monteront aux USA
Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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