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Macroéconomie
02.03.2017
Koen De Leus Chief Economist

IPO de Snap pas annonciatrice d’une nouvelle bulle

Quelques jours après que le Dow Jones Industrial ait franchi la barre mythique des 20.000 points, le prochain objectif est désormais le cap des 21.000. Les cours record sont généralement les sirènes des marchés d’actions. Il est en effet particulièrement difficile de résister à la tentation d’essayer d’obtenir le dernier carat. Les courtiers en Bourse et banquiers d’affaires le savent trop bien et ne se privent pas de lancer des IPO à prix fort sur le marché.

Snap Inc., la maison-mère de Snapchat (une des applications avec lesquelles vos enfants s’amusent sur leur smartphone en s’envoyant sans arrêt des photos et des vidéos), fait son entrée en Bourse aujourd’hui. Evaluée à 24 milliards de dollars, c’est l’IPO la plus chère lancée aux Etats-Unis dans le domaine technologique depuis Facebook en 2012.

Il y a dix fois plus d’acheteurs que d’actions proposées. Est-ce parce que le prix est intéressant ? Eh bien, c’est plutôt le contraire, avec un ratio cours/chiffre d’affaires attendu de 19,7. On parle en effet de chiffre d’affaires et non pas de bénéfices, car l’entreprise n’est pas encore rentable. Mais ce n’est pas une exception. Dans le monde numérique, l’objectif est de devenir aussi vite que possible le leader du marché. Plus vous êtes grand, plus l’effet réseau joue à votre avantage, ce qui catapulte votre part de marché vers les sommets.

L’introduction en Bourse de Snap réveille certainement quelques mauvais souvenirs auprès d’anciens investisseurs. Sommes-nous à la veille de l’éclatement d’une nouvelle bulle technologique ? La réponse est à la fois oui et non. Oui, parce que cette bulle technologique est déjà présente depuis longtemps. En 2013, le monde comptait 13 licornes, en d’autres termes, des start-ups d’une valeur supérieure à 1 milliard de dollars. D’après CB Insight, le compteur se situe aujourd’hui au niveau incroyable de 183 licornes, représentant ensemble 657 milliards de dollars. Ces derniers trimestres, bon nombre de ces entreprises ont souffert de lourdes réductions de valeur du fait des investisseurs. Il semblerait également que de nombreuses licornes soient plutôt des ânes déguisés.

Et non, parce que je ne pense pas que la crise boursière et économique de 2001 se répétera. Tout d’abord, de nombreuses entreprises technologiques ont prouvé que leur modèle opérationnel pouvait effectivement être rentable. Facebook, qui était aussi dans le rouge au moment de son introduction en Bourse, a réalisé au quatrième trimestre 2016 un bénéfice de 3,7 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 8,6 milliards de dollars ! La principale différence par rapport à 2001, c’est que la plupart des licornes ne sont pas cotées. Les entreprises comme Uber, Airbnb, Dropbox et Pinterest trouvent aujourd’hui à se financer sur le marché privé. Conséquence : leurs comptes ne sont pas publics. Une correction éventuelle de leur valorisation aurait donc un impact limité sur l’économie, et ne provoquerait pas le cataclysme que nous avons connu il y a 16 ans.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Koen De Leus Chief Economist
Koen De Leus (Bonheiden, 1969) détient un diplôme de master en sciences commerciales de la Economische Hogeschool Sint-Aloysius (EHSAL). Depuis septembre 2016, il occupe le poste d’économiste en chef au sein de BNP Paribas Fortis. Il est également professeur invité de la EHSAL Management School, notamment dans le domaine de la finance comportementale. En 2017, Koen a publié son livre « L'économie des gagnants : défis et opportunités de la révolution digitale », et en 2012, « Les règles d'or en bourse ». En collaboration avec Paul Huybrechts, il a écrit en 2006 « Au pays des vieux », un livre portant sur le défi social et économique du vieillissement de la population. En savoir plus

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