On fait le point épisode 34 : Devises & or

Dans ce 34e épisode du podcast « On fait le point », le Chief Economist Koen De Leus et le Chief Strategy Officer Philippe Gijsels font le point sur les devises et l’or. Quelles perspectives pour l’euro au cours des 25 prochaines années, à moins que la monnaie unique n’arrive pas à franchir ce cap ? Le dollar maintiendra-t-il son statut de monnaie de réserve mondiale ? Et le cours de l’or continuera-t-il de grimper ?

Dans ce synopsis, nous résumons les principales idées de cet épisode.

Envie d’en savoir plus ? Vous pouvez écouter le podcast – en néerlandais – via les canaux habituels.

Ce que vous trouverez dans ce synopsis

L’euro a-t-il un avenir sans poursuite de l’intégration européenne ? Probablement pas. Mais qu’entend-on précisément par poursuite de l’intégration européenne ? Et qu’avons-nous comme alternative ? Koen De Leus et Philippe Gijsels se penchent aussi sur la thématique de la monnaie de réserve, qui est jusqu’à nouvel ordre le dollar américain. Quelle en est la dynamique et que nous réserve l’avenir ? Et puis, il y a l’or. Le métal jaune a connu de nombreux rebonds successifs et la conjoncture pourrait induire encore plus de hausses potentielles.

Après cette courte introduction, passons au synopsis.

L’euro vient de fêter son quart de siècle. Et maintenant ?

L’introduction de l’euro remonte au 1er janvier 1999. Un anniversaire célébré cependant en mode mineur. Certains experts, dont le professeur Paul De Grauwe, prévoient même la fin de l’euro si l’intégration européenne ne passe pas à la vitesse supérieure.   

Selon Koen De Leus, il ne peut y avoir d’union monétaire efficace sans union fiscale.   Les impôts doivent être collectés davantage au niveau européen. Dans le même temps, il convient absolument de renforcer l’unité politique.  

Philippe Gijsels souligne que l’ancien mécanisme de dévaluation des différentes monnaies européennes est remplacé par des dévaluations internes. Faute de monnaies nationales, les États européens sont obligés de réduire les dépenses et les salaires pour rester compétitifs, ce qui ne contribue pas à la popularité du projet européen.

La nécessité de poursuivre l’intégration financière au sein de l’Union

Pendant la pandémie, l’UE a créé un fonds commun à hauteur de 700 milliards d’euros, preuve qu’une mutualisation des moyens est parfaitement possible. Un fonds commun permanent aurait pour conséquence que les pays du sud de l’Union pourraient à l’avenir se financer à moindre coût. Et ça rendrait possible un financement global des mesures en faveur du climat. La poursuite de l’intégration européenne permettrait aussi d’éviter que les États ne se concurrencent entre eux à coup de subventions pour attirer les entreprises étrangères.

Obligations d'État européennes

Les États membres de l’Union européenne pourraient en outre mettre en œuvre un autre projet commun : créer, sur le modèle américain, un marché unique de la dette. Les bons du Trésor américain constituent le plus grand marché de la dette au monde. Les investisseurs peuvent donc acheter de la dette américaine garantie par le gouvernement fédéral, ce qui en fait un instrument extrêmement puissant.

Au niveau européen, il n’existe actuellement aucun instrument de ce type. Même si l’ensemble des États membres utilisent l’euro, ils appliquent tous leurs propres taux d’intérêt. Imaginez que vous puissiez acheter des titres de créance garantis dans toute l’UE. Cela générerait un marché d’une grande profondeur et liquidité, ce qui serait très intéressant pour les investisseurs. La principale pierre d’achoppement est que les États membres devraient se porter mutuellement caution.

L’approfondissement de l’intégration européenne est-il possible alors que l’on assiste à une recrudescence des sentiments nationalistes et extrémistes ? A contrario, l’Europe a toujours mis à profit les crises pour avancer sur la voie de l’intégration.

Les 25 prochaines années seront cruciales pour la survie de l’euro. Quelle est l’alternative ? Le pire des scénarios serait un éclatement de l’UE et la fin de l’euro. Un tel scénario, dans lequel chaque pays se retrouverait isolé, serait une très mauvaise nouvelle pour les « petits pays », tels que la Belgique. Quoi qu’il en soit, les grandes nations comme la France et l’Allemagne ont intérêt à collaborer et à constituer un bloc homogène vis-à-vis des puissances mondiales que sont les États-Unis, la Russie et la Chine.

Qu’entend-on par monnaie de réserve ?

Outre-Atlantique, le dollar américain conserve momentanément son statut de monnaie de réserve. En 2001, plus de 70% des réserves mondiales détenues par les banques centrales l’étaient en dollar américain. On constate depuis une nette diminution de cette proportion. Au troisième trimestre 2023, seules 59,2% des réserves monétaires mondiales étaient encore en dollar. On peut donc parler de dédollarisation.

Mais qu’entend-on précisément par monnaie de réserve ? Lorsque des pays et/ou des entreprises disposent d’excédents financiers, ils sont censés les sécuriser. La principale monnaie qu’ils utilisent pour ce faire est la monnaie de réserve. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le dollar américain fait office de monnaie de réserve. Le statut de monnaie de réserve ne périclite pas du jour au lendemain. Des glissements sont néanmoins possibles à long terme. La situation évolue en fonction du leadership mondial – exercé par la Chine aux 13e et 14e siècles, plus tard par la France, les Pays-Bas et l’Angleterre.

Pourquoi le dollar est-il moins utilisé comme monnaie de réserve ?

Ces vingt dernières années, plusieurs monnaies ont pris un certain ascendant. L’euro, par exemple, se retrouve dans environ 20% de l’ensemble des réserves des banques centrales.  Le yuan chinois a aussi acquis une plus grande notoriété qu’il convient cependant de relativiser. On ne retrouve en effet la monnaie chinoise que dans 2,5% des réserves monétaires mondiales.  

L’importance grandissante d’autres monnaies, et plus particulièrement du yuan, est liée aux sanctions occidentales visant la Russie et la Chine. Actuellement, la plupart des transactions commerciales se règle en roubles et en yuans. D’autres pays, qui ne font pas partie de la sphère d’influence américaine, privilégient aussi d’autres monnaies et l’or plutôt que le dollar.

Monnaie d’échange mondiale vs monnaie de réserve vs obligations d'État

Quelques différences entre ces trois notions :

  • Les obligations d'État américaines sont moins prisées par les pays qui sont en conflit avec les États-Unis. Ils réduisent d’ailleurs leurs positions sur ce type de valeurs.
  • Le dollar US reste la monnaie de référence pour le commerce mondial. 60 à 80% des transactions commerciales dans le monde s’effectuent en dollars, comme c’est par exemple le cas pour le négoce du pétrole.
  • Comme nous vous l’expliquions, la monnaie de réserve est la devise dans laquelle sont conservés les excédents financiers. Si vous n’êtes pas un pays allié des États-Unis, vous pouvez utiliser le dollar comme monnaie d’échange commerciale, tout en constituant vos réserves dans une autre devise (ou en or).

L’or, un marché haussier

Le cours de l’or a atteint un niveau historique et se situe dans un marché haussier, c’est-à-dire une période prolongée de hausse des prix.  Paradoxalement, les investisseurs ont tendance à bouder le métal jaune. La hausse des taux d’intérêt décourage en effet les investissements en or, vu que celui-ci ne rapporte pas d’intérêt.

Comment expliquer dès lors l’augmentation spectaculaire du cours de l’or ? L’or a tendance à bien se comporter pendant les périodes de tensions géopolitiques et constitue un rempart contre l’inflation. Actuellement, ce sont principalement les banques centrales qui achètent de l’or, notamment parce qu’elles réduisent la part de leurs réserves en dollar. À supposer que les banques centrales poursuivent sur cette lancée et que les investisseurs se remettent à acheter de l’or, le cours du métal jaune pourrait à nouveau flamber.

L’or a-t-il de plus en plus le vent en poupe ?

La tendance va résolument dans ce sens. L’incertitude régnant au niveau mondial n’est pas près de s’arrêter, compte tenu de la soixantaine d’élections prévues en 2024 partout dans le monde et de la volatilité des marchés boursiers.

DISCLAIMER

Ce texte est un synopsis du podcast « On fait le point », enregistré le 16 février 2024.  Les opinions exprimées dans ce podcast et dans ce résumé sont celles du modérateur et des personnes interviewées et ne reflètent pas nécessairement le point de vue de BNP Paribas Fortis.