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BNP Paribas Fortis Economie
15.12.2017

Quelles perspectives économiques et quelle stratégie d’investissement pour 2018 ?

Koen De Leus et Philippe Gijsels, respectivement Chief Economist et Chief Strategy Officer de BNP Paribas Fortis, donnent leur point de vue macroéconomique sur 2018 et expliquent comment cette vision se traduit dans la stratégie d’investissement de BNP Paribas Fortis.

2017 entrera dans les livres d’histoire comme l’année où les banques centrales sont arrivées à leurs fins : l’économie mondiale affiche une forte remontée. L’inflation, quant à elle, reste plutôt faible.

Les économies mondiales montrent une tendance haussière synchrone. La décélération américaine attendue il y a à peine quelques mois pour 2018 (une croissance prévue de 2,9 %) n’apparaîtrait à présent qu’en 2019 (1,9 %). La raison principale de ce retard : la réduction d’impôts qui sera peut-être encore signée avant la fin de l’année par M. Trump. Un beau cadeau de Noël pour les Américains les plus riches.

Dans la zone euro, il est question d’une croissance durable de 2,4 % en 2018. Celle-ci est propulsée par une diminution du chômage, une consommation accrue, une augmentation des investissements et une reprise de l’emploi. Tous les pays de l’Union européenne et tous les secteurs contribuent à la croissance. Il s’agit donc d’une reprise durable et générale de l’économie.

Avec un taux de croissance de 1,7 % en 2018, la Belgique reste un peu à la traîne par rapport aux autres pays de la zone euro. La Belgique a nettement moins souffert de la dernière récession, entre autres grâce à l’indexation des salaires. En raison de la dette publique colossale, s’élevant à 105,7 % du produit intérieur brut (2016), les économies supplémentaires sont aujourd’hui devenues indispensables.       

Plutôt que de réduire les dépenses ou de viser davantage l’efficacité dans les dépenses publiques, le gouvernement poursuit avec entêtement ses recherches de revenus supplémentaires. L’analyse des recettes fiscales nous permet toutefois de conclure que nous nous situons déjà largement au-delà de la moyenne européenne et de l’OCDE en ce qui concerne l'impôt des personnes physiques, l'impôt des sociétés et les impôts sur la fortune. Ce n’est que pour les recettes de la TVA et pour les taxes environnementales qu’il reste une toute petite marge.

         

Politique monétaire: inflation, le facteur clé

Lorsque nous examinons la politique monétaire, nous constatons que l’évolution de l’inflation sera le facteur clé de l’année 2018. Dans notre scénario de base, nous comptons sur une hausse progressive de l’inflation américaine jusqu’à 2 %.

Pour atteindre cet objectif, il faudra que la BCE et la Fed tolèrent une croissance dépassant largement le potentiel de croissance à long terme. Il en va de même pour le taux de chômage, qui aujourd’hui, aux États-Unis, est déjà largement descendu en dessous du niveau de ce que l’on considère comme le plein emploi. Avec, en contrepartie, un taux d’intérêt qui ne sera rehaussé qu’au compte-gouttes, on obtient un contexte dans lequel les appréciations élevées pourraient encore augmenter davantage sur les marchés financiers.

En 2018, il faudra cependant tenir compte d’un risque substantiel à la hausse pour l’inflation américaine. L’inflation réagit toujours avec retard à une accélération de la croissance économique. Apparue fin 2016, cette accélération devrait normalement se faire sentir dans les chiffres d’inflation de 2018. Ajoutons que dans de nombreux pays, l’écart de production (négatif) s’atténue peu à peu, l’occupation de la capacité a fortement augmenté, il y a pénurie dans certains marchés de l’emploi, la politique monétaire globale demeure particulièrement souple et la Chine a ramené sa surcapacité dans de nombreux secteurs : on constate que tous les signes pointent vers un scénario comportant un risque réel d’augmentation du taux d’inflation.

 

Un taureau à trois pattes

Les marchés des actions font tomber record après record (aux États-Unis) ou sont aux plus hauts niveaux depuis de(s) (nombreuses) années (dans le reste du monde).

2017 entrera également dans les annales de la Bourse comme l’année où le ‘taureau à trois pattes’ (forte croissance économique, solides bénéfices des sociétés et souple politique monétaire) a piétiné toutes les préoccupations géopolitiques telles que le Brexit ou la situation en Corée du Nord. Les différents événements géopolitiques défavorables ont eu une incidence quasiment nulle sur la tendance boursière. Il faut admettre que là où 2016 était l’année des préoccupations géopolitiques, les élections en début de cette année ont constitué, surtout à ce moment-là, une surprise bienvenue pour le projet européen, ce qui a certainement contribué à poser les bases de la forte performance des marchés européens. Cependant, cela n’implique pas que tous les problèmes et défis à plus long terme auxquels la zone doit faire face se sont évaporés. Mais dans un contexte où l’économie dépasse son potentiel de croissance, où les taux d’intérêt restent extrêmement faibles et où le dollar demeure fort malgré tout (bien que légèrement inférieur en 2017), il est trop tôt pour s'en inquiéter.

 

Bitcoin, Icare et 220 ans

Et si comme Janus, nous tournons la tête de l'autre côté et que nous tentons de voir ce que l'année nouvelle nous réserve, il n'est pas déraisonnable de considérer que les tendances actuelles vont au départ se prolonger. Les marchés baissiers ne commencent généralement qu'au moment où une récession se profile à l'horizon. Et tel n'est pas le scénario économique prévu pour 2018. Il se peut qu'un ralentissement nous attende sous peu si Janus réapparaît début 2019, ce qui signifierait, puisque les marchés anticipent toujours, que le deuxième semestre de l'année 2018 pourrait être un peu plus difficile pour les catégories d'actifs plus risquées. Mais pour l'instant, surtout parce que nous postulons une évolution à la hausse des taux d'intérêt, nous devons sans nul doute encore préférer les actions aux obligations (d'Etat). Cela étant, les bourses sont actuellement surachetées et c'est un euphémisme (songeons au bitcoin), ce qui donne lieu à une fièvre spéculative. Un peu de modération-consolidation-correction serait souhaitable et sain si l'on veut poser des bases un peu plus solides pour l'année qui vient.

Car quel que soit notre regard, le marché haussier, surtout aux Etats-Unis, est déjà mûr, et même plus que mûr. Si la hausse des indices américains atteint juillet de l'année prochaine et que viennent encore s'ajouter 10 petits pourcents de hausse, il s'agira de la plus longue et la plus forte augmentation en 220 ans d'histoire de la bourse. Il est donc presque temps de miser sur certains thèmes de “fin de cycle” tels que les actions sous-évaluées. Mais il ne faut pas oublier les tendances à plus long terme telles que la robotique, la sécurité sur internet, le réchauffement mondial et le bien-être et la santé, pour n'en citer que quelques-unes.

2017 est aussi l'année où les investissements responsables et durables ont continué leur progression et ont prouvé leur qualité grâce à leurs très bonnes performances. Et enfin, il ne faut pas oublier l'or, assurance et thème de fin de cycle également. Car c'est précisément au moment où tout le monde pense pouvoir se passer d'assurance qu'on en a justement besoin…

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