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BNP Paribas Fortis Economie
17.06.2022

Perspectives macroéconomiques et stratégie d'investissement pour le second semestre 2022

Koen De Leus et Philippe Gijsels, respectivement Chief Economist et Chief Strategy Officer de BNP Paribas Fortis, partagent leur vision sur les perspectives économiques des prochains mois et expliquent comment la banque traduit cette vision dans sa stratégie d’investissement.

Au début de l’année, tout le monde pensait que nous avions presqu’atteint le pic de l’inflation. La guerre en Ukraine et les nouveaux confinements dans de nombreuses villes chinoises ont rapidement anéanti cet espoir.

Koen De Leus : « Les chaînes commerciales mondiales sont une fois de plus gravement perturbées. La pression sur les prix augmente et l’inflation qui en résulte atteindra son pic plus tard qu’attendu. Cette dernière est aussi plus persistante et la facture sera beaucoup plus élevée que ce que nous avions prédit il y a un an. »

Tant que le problème lié à l’offre continuera d’alimenter l’inflation, la pression exercée sur les banques centrales pour qu’elles interviennent ne baissera pas. Cela vaut certainement pour les États-Unis, où les salaires ont aussi beaucoup augmenté. La grande question qui se pose pour l’économie est de savoir jusqu’où les banques centrales iront pour briser l’inflation. Elles ne peuvent rien faire du côté de l’offre mais peuvent intervenir sur la demande. Si les taux d’intérêt augmentent trop, la croissance pourrait être totalement compromise.

Aujourd’hui, nous partons du principe que les taux à court terme américains se situeront aux alentours de 3 à 3,25% d’ici 2023. En Europe, nous nous attendons à ce qu’ils atteignent au même moment un pic de 2%. Nous n’excluons pas un atterrissage brutal de l’économie.

Chine : Covid et secteur immobilier
Ce trimestre, la politique « zéro covid » a poussé l’économie chinoise en récession. À cause du faible taux de vaccination parmi la population âgée, un changement de cap n’est pas envisageable pour l’instant. À l’approche de l’important congrès du Parti Communiste prévu en octobre, le régime chinois veut à tout prix éviter de perdre la face.

En outre, l’énorme dette du secteur immobilier pèse sur l’économie chinoise. La Chine comptabilise 2.700 milliards de dollars de dette extérieure, ce qui correspond plus ou moins à ses réserves en dollars. La part de cette dette liée au secteur immobilier chinois n’est pas connue.

La faiblesse du renminbi par rapport au dollar rend la vie difficile aux sociétés chinoises, qui ont de plus en plus de mal à faire face à leurs obligations en dollars. Mais dans le contexte actuel, toute hausse des taux ne ferait que miner davantage le secteur immobilier. Le secteur bancaire risquerait alors d’être la prochaine victime.

Koen De Leus : « Les sorties de liquidités en dollars et la tendance baissière du renminbi devraient se poursuivre dans les mois à venir. Par conséquent, les sociétés immobilières auront de plus en plus de difficulté à refinancer – et encore plus à rembourser – leurs dettes au cours des années à venir. Le passé nous a appris que toute hausse de l’immobilier alimentée par du crédit se terminait souvent de manière douloureuse. La question qui se pose est de savoir si la Chine pourra y échapper. »

Une nouvelle crise de la dette en perspective ?
Près de trois emprunts sur cinq accordés par la Chine à d’autres pays en développement connaissent des difficultés, ce qui correspond à la part totale des pays à bas revenus confrontés à des problèmes de paiement. Il y a dix ans, ce chiffre était à peine d’un sur trois. Dans le passé, la hausse des taux américains s’est souvent accompagnée d’une crise de la dette dans ces pays car les taux y augmentaient également. Le resserrement des conditions financières, auquel s’ajoutait un dollar fort par rapport aux devises locales, était souvent trop lourd à supporter. Une vague de crises de la dette et de crises bancaires a souvent suivi.

Aujourd’hui, un nouveau drame de la dette semble s’annoncer. Tant les dettes publiques que privées des pays en développement ont régulièrement augmenté dans les années 2010 et ont littéralement explosé pendant la pandémie de Covid-19. La reprise après la pandémie ne fut que modérée et les perspectives de croissance sont peu encourageantes. La flambée inflationniste réduit nettement le pouvoir d’achat. Dans ces pays à bas ou moyens revenus, par exemple en Inde, la part de l’alimentation dans le panier de la ménagère est passée de 20 à pas moins de 50%.

Heureusement, la plupart de ces pays ont tiré des leçons du passé et la part de la dette extérieure a été divisée par deux, pour se réduire à 12%. Mais l’intérêt des investisseurs étrangers a également baissé, de sorte que de nombreux emprunts souverains sont aujourd’hui détenus par des banques locales. Si la dette souveraine se retrouve sous pression, les banques pourraient alors se retrouver en difficulté, ce qui assècherait l’octroi de crédits locaux. Des restructurations internationales de dettes souveraines pourraient éviter une nouvelle crise, mais le nombre important d’emprunts détenus par la Chine dans ces pays rend tout accord difficile.

La Belgique et les autres pays européens
Dans les pays développés, tant que la charge moyenne de la dette souveraine reste en dessous de la croissance nominale, il n’y a aucun danger d’effet boule de neige. Aucune crise de la dette n’est d’ailleurs en vue dans la plupart des pays. Mais il devient grand temps d’assainir les budgets.

Pour stabiliser sa dette à son niveau actuel, la Belgique doit réduire son déficit budgétaire de 5,5% en 2021 à 1,2%. La plupart des autres États membres de l’UE doivent également améliorer à terme leur déficit budgétaire. Le niveau varie d’un pays à l’autre, avec en tête l’Italie (6,3%). Comme c’est souvent le cas, les pays scandinaves sont les meilleurs élèves de la classe. En Italie, le différentiel de taux par rapport à l’Allemagne se creuse rapidement.

La hausse des taux d’intérêt a également des conséquences pour l’immobilier, en particulier après la montée rapide des prix pendant la pandémie de Covid-19. Le taux hypothécaire belge a augmenté de presque 2% en six mois. La hausse de la charge de remboursement menace de mettre sous pression l’accessibilité à la propriété, en particulier chez les jeunes. L’augmentation des revenus compense en partie ce problème, mais la hausse des prix de la construction annule son impact. L’incertitude entourant les prix des matières premières entraîne également un ralentissement de l’offre. Nous nous attendons encore à une légère hausse des prix de l’immobilier, mais elle sera moins élevée que l’inflation.

Pour le trimestre en cours, nous n’attendons quasiment pas de croissance, suivie par une croissance positive au cours des prochains trimestres. Sur base annuelle, cela donne une croissance apparemment robuste (2,1%), mais il faut tenir compte d’un important effet de base (1,9%). Par conséquent, la croissance réelle en 2022 sera en réalité d’à peine 0,2%. Les prochains mois et semaines seront cruciaux. Les incertitudes à propos de l’approvisionnement en gaz russe, de la guerre en Ukraine et des confinements en Chine maintiennent l’inflation à des niveaux élevés. Cela réduit le pouvoir d’achat et donc la consommation. Le risque de stagflation pourrait déraper et se transformer en récession mondiale.

Politique monétaire des banques centrales
Dans un monde de taux réels négatifs, il est recommandé de détenir des actifs réels et les liquidités ne sont pas intéressantes à long terme. Jusqu’il y a quelques mois, on s’attendait à ce que les banques centrales normalisent tôt ou tard leur politique monétaire. En d’autres termes, qu’elles réduisent leurs injections de liquidités dans le système. Cela entraînerait de la volatilité sur les marchés.

À cause de la guerre en Ukraine, certaines tendances se sont accélérées. L’inflation a repris et les banques centrales, en particulier la Réserve Fédérale américaine, ont dû actionner le frein monétaire plus rapidement. Nous avons connu la plus forte hausse des taux en 200 ans d’histoire, ce qui a provoqué une correction sur les marchés d’actions. Les valeurs technologiques en particulier – qui sont très sensibles aux taux d’intérêt parce qu’une partie importante de leurs bénéfices sera réalisée dans le futur – ont été durement touchées.

Actions
Aujourd’hui, la stratégie de BNP Paribas Fortis en matière d’actions n’a pas changé.

Philippe Gijsels : « À plus long terme, nous continuons à miser sur les actifs réels. À court terme, nous nous attendons à plus de volatilité étant donné que la période de transition – pendant laquelle les marchés doivent s’habituer au fait que les robinets se sont légèrement refermés – n’est pas encore terminée. L’image technique reste pour l’instant encore très négative. Les investisseurs attendent donc toujours que cette tendance s’inverse ».

À un moment donné, cependant, un nouveau marché haussier fera son apparition. Les secteurs, thèmes et groupes qui seront les premiers à se redresser seront pour la plupart les leaders de ce nouveau marché haussier. Il est encore trop tôt pour le dire avec certitude, mais les sociétés les plus prometteuses devraient être issues des secteurs des énergies alternatives, de la biotechnologie, du métavers, de la robotique et de la cybersécurité.

Obligations
Le taux réel augmente légèrement. Par exemple, il est aujourd’hui possible d’obtenir de meilleurs taux avec les obligations américaines (bons du Trésor et obligations d’entreprises). Nous nous attendons à ce que le dollar américain reste robuste. Les acronymes TINA (There Is No Alternative) et TRINA (There Really Is No Alternative) pourraient être remplacés par TINAC (There Is No Alternative Country), ce dernier faisant référence aux États-Unis.

Matières premières
Un possible ralentissement de l’économie mondiale et surtout les inquiétudes à propos de (l’économie de) la Chine pourraient mettre les marchés des matières premières (et surtout des métaux) sous pression au cours des prochains mois.

En outre, la guerre en Ukraine crée une situation très binaire. En cas de solution négociée, les prix des matières premières pourraient sensiblement baisser, alors qu’ils pourraient encore augmenter en cas de nouvelle escalade du conflit. Par conséquent, ces marchés sont aujourd’hui très volatils et difficiles pour les investisseurs. À un horizon un peu plus lointain, nous devrions rester dans un marché haussier structurel et de longue durée dont nous n’avons vu qu’une très petite partie, surtout alimenté par la pénurie de l’offre.

Philippe Gijsels : « Quand on additionne tout cela, il est clair que nous sommes entrés dans un nouveau monde de l’investissement, où il s’agira de réagir rapidement et où la gestion active pourra plus que jamais démontrer sa valeur. »

Prévisions de Koen De Leus : 

Prévisions de Philippe Gijsels : 


Conférence de presse intégrale: 




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