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BNP Paribas Fortis Economie
02.07.2018

Perspectives économiques pour le deuxième semestre 2018 et 2019, et l’impact sur la stratégie de placement

Koen De Leus et Philippe Gijsels, respectivement Chief Economist et Chief Strategy Officer de BNP Paribas Fortis, présentent leur vision macroéconomique du deuxième semestre 2018 et 2019 et expliquent comment cette vision se traduit dans la stratégie de placement de BNP Paribas Fortis.

Nos perspectives macroéconomiques pour cette année restent positives. Nous prévoyons que l’économie américaine augmentera de 3% en 2018, poussée par la confiance croissante des consommateurs et le plan fiscal de M. Trump. La croissance européenne atteindra 2,2% en 2018. Ce pourcentage inférieur à celui de la croissance américaine est principalement dû à des éléments temporaires tels que le froid extrême, la grippe et la valeur nettement plus élevée de l’euro et du pétrole, qui ont freiné la croissance au premier trimestre. La situation de suremploi et les augmentations de salaire qui s’en sont ensuivis incitent les ménages européens à dépenser davantage dans les mois à venir. 

Des nuages sombres
Le pic de croissance, quant à lui, est derrière nous. Pour 2019, nous prévoyons une croissance de, respectivement, 2 et de 1,7% pour les États-Unis et pour la zone euro. La tendance grandissante vers des mesures protectionnistes constitue la menace principale pour la croissance mondiale. Compte tenu des actuelles chaînes de production mondiales, la hausse des prélèvements à l’importation ne bénéficiera à personne. L’exportation globale représente 25% du PIB mondial. Une augmentation de 10% des prélèvements à l’importation à l’échelle mondiale éroderait la croissance mondiale de 2,5%. Avec une perte limitée à 1,3%, l’économie américaine s’en sort le mieux. Plus le marché est ouvert, plus l’effet est important. La croissance européenne subit un choc de près de 3%. En Chine, la perte atteint 4,3%. 

À ce moment-là, le risque d’une sévère récession s’accroît. Les banquiers centraux disposent-ils de munitions suffisantes pour sortir les économies de l’ornière ? Depuis 1970, les États-Unis ont érodé les taux d’intérêt de 8 points de pourcentage en moyenne afin de relancer l’économie. En Europe, on parle de 2,5%. Aujourd’hui, les faibles taux d’intérêt actuels n’offrent pas cette marge. La politique budgétaire devra apporter son soutien.

Les investissements comme dernière ressource
Ces dernières décennies, la Belgique a gravement failli à ses devoirs en matière d’investissements publics. Depuis 1995, le stock de capital exprimé en pourcentage du PIB (en majeure partie l’infrastructure et les bâtiments publics belges) a baissé de près d’un tiers. La qualité en est nettement inférieure que dans nos pays voisins.
Une politique claire, déclenchant un choc d’investissement unique ou étalé, peut soulager. Aux faibles taux d’intérêt actuels, ces investissements peuvent largement être récupérés. À condition que les règles européennes en matière d’investissements soient assouplies. Outre les investissements dans l’amélioration de la mobilité et de l’accessibilité, ce sont essentiellement les investissements dans la connaissance (formation, brevets, R&D, etc.) qui sont importants pour l’avenir. Pourquoi n’introduirait-on pas la ‘Belgium Technology 1.5’ afin de hisser la Belgique dans le peloton de tête des pays numérisés de l’Europe ?


Stratégie de placement
Les marchés des actions ont démarré l’année sur les chapeaux de roue. En février, cependant, un premier avertissement a été donné sous la forme d’un mini-crash. Ce qui n’avait en soi rien d’étonnant. Après plus de 400 séances de négociation, ou deux années civiles complètes sans correction de 5%, un record exceptionnel a été établi. Un record qui a donc explosé au mois de février. Depuis lors, les marchés mondiaux des actions, pour lesquels la tendance reste positive sur le plan de la croissance économique et des bénéfices des sociétés, luttent contre un certain nombre d’inquiétudes géopolitiques. La plus saillante, forcément, concerne la guerre commerciale de Donald Trump. La question principale qui se pose parmi les investisseurs est de savoir s’il s’agit simplement d’une technique de négociation dans le style de son livre « The Art of the Deal » (litt. L’art de la négociation, traduit en français sous le titre « Trump par Trump »), ou si les actions et les tweets de Donald Trump sont plutôt aléatoires. Dans le premier cas, les activités et commentaires diminueront ou s’atténueront en novembre, après les élections de mi-mandat aux États-Unis. Si aucun plan directeur n’est prévu, plus de volatilité et d’incertitude seront notre sort.

Il en va de même pour la situation politique italienne. Si un budget nuancé est présenté, les taureaux pousseront un soupir de soulagement. Si l’on nous sert quelque chose comme l’accord gouvernemental, avec un déficit, disons, de 6 ou 7%, il y a de la place pour la déception. La question qui y sera indéniablement liée est de savoir comment les partenaires européens mais aussi et surtout la BCE vont réagir, en sachant que malgré les achats de soutien de la BCE les taux d’intérêt italiens sont en hausse.

Toutes ces questions détermineront dans une large mesure l’évolution des cours au deuxième semestre. Dans notre scénario de base, nous partons du principe que le vieux taureau à trois pattes (forte croissance économique, solides bénéfices des sociétés et une politique monétaire toujours aussi souple) a toujours un bout de chemin à parcourir. 

Mais il est évident aussi que le taux de probabilité de certains scénarios de risques s’est accru. Dans cette optique, il reste plus que jamais important d’observer les actions des banques centrales. Car une politique monétaire plus restrictive constitue peut-être un risque encore plus important pour les marchés financiers que la géopolitique. Et pour rendre les choses encore plus compliquées : l’escalade de certains scénarios géopolitiques pourrait justement conduire les banques centrales à mener une politique de taux « plus bas pour plus longtemps ». Ce qui, paradoxalement, est une bonne nouvelle pour les marchés des actions. Ou, en d’autres termes : le trou auquel font face les banquiers centraux se situe toujours sous les marchés. Il n’en reste pas moins que nous sommes à la traîne, aussi bien sur le plan économique que sur le plan des marchés, et que le réservoir de carburant ne contient plus beaucoup d’essence.

À propos d'essence : la hausse des prix du pétrole n’est pas passée inaperçue au premier semestre. Nous évoluons de plus en plus d’un équilibre artificiel vers un équilibre réel, ce qui a entraîné une possibilité accrue de chocs pétroliers et fait que nous pouvons établir de plus en plus de parallèles avec les années 1960 et 1970. Ce n’est pas un hasard non plus si le cours de l’or était favorable pendant cette période. Au cours du premier semestre, le prix de l’or en dollar (USD) n’a pas pu profiter des diverses préoccupations géopolitiques. Le prix en EUR, quant à lui, nous raconte une histoire différente. Lentement mais sûrement, il présente des fonds à la hausse, ce qui laisse présager, avec le début de redressement du prix de l’argent et les légers pics du ratio de l’or sur l’argent, des prix de l’or plus élevés au deuxième semestre.

Il est manifeste que nous sommes arrivés à un moment charnière, et pas seulement pour le cycle actuel mais aussi pour plusieurs tendances à long terme. C’est un moment où l’on peut faire des fortunes comme on peut en perdre. C’est l’un de ces moments dont nous pourrons dire dans 20 ans : « nous y étions ». La promesse d’un deuxième semestre intéressant et captivant… 
 

Press Team

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