Basée sur un échantillon représentatif de 550 entreprises[1], cette étude sur les entreprises familiales en Belgique révèle que plus de 8 entreprises belges sur 10 sont des entreprises familiales (84%), un des taux les plus élevés d’Europe. Ces structures se définissent objectivement par une détention de plus de 50% des parts par des actionnaires familiaux et la présence d’au moins un membre familial dans la direction ou le conseil d’administration/le comité consultatif. Corroborant cette définition, 97% des répondants qui voient l’entreprise comme une entreprise familiale, des entreprises familiales subjectives répondent à ces critères. Cette prédominance souligne leur ancrage dans l’économie belge, où elles contribuent à 39% de l’emploi total et à un tiers du PIB.
Un profil dominé par les petites structures
Les entreprises familiales se caractérisent par leur taille modeste : 88% comptent entre 1 et 9 employés, un pourcentage qui chute à 10% pour les entreprises entre 10 et 49 employés et à peine 2% dépasse les 50 employés. Relativisons tout de même car en Belgique, seuls 0,7% de la totalité des entreprises emploient 50 employés ou plus. Leur chiffre d’affaires (CA) reflète également cette tendance, avec 79% des entreprises familiales affichant un CA inférieur à 2 millions d’euros. Géographiquement, 85% des entreprises en Flandre sont des entreprises familiales (86% en Wallonie et 76% dans la région bruxelloise).
Leur ancienneté moyenne s’élève à 30 ans, contre une moyenne de 28 ans pour les entreprises non familiales, tandis que 7 entreprises familiales sur 10 sont encore gérées par la première génération. Les dirigeants des entreprises familiales sont souvent plus âgés en moyenne, puisque la moitié dépasse les 55 ans et 20% ont plus de 64 ans, un contraste marqué avec les 10% observés dans les entreprises familiales françaises.
Une présence sectorielle et internationale nuancée
Les entreprises familiales se distinguent par une surreprésentation dans la construction : 18% d’entre-elles sont actives dans ce secteur contre 8% pour les entreprises non familiales. Autre secteur d’activité privilégié par les entreprises familiales : le commerce où 25% d’entre-elles s’y développent contre 24% pour les entreprises non familiales.
Notons que les entreprises familiales restent majoritairement ancrées localement, avec 76% limitant leurs activités au marché belge. Parmi celles qui s’internationalisent (près d’une sur quatre), la part des exportations dans le chiffre d'affaires se situe à un niveau comparable à celui des entreprises non familiales.
Des défis structurels et économiques
Malgré leur importance, les entreprises familiales font face à des défis de gouvernance. Selon l’étude, seulement 40% disposent d’un conseil d’administration/comité consultatif actif, principalement composé de membres familiaux, contre une fréquence plus élevée chez les non familiales, même dans les mêmes segments de taille.
La transmission générationnelle, souvent qualifiée de « priorité absolue », est un enjeu essentiel. Dans la décennie à venir, plus d’une entreprise familiale sur trois se trouvera en situation de transmission. Pourtant, l’incertitude successorale règne : 17% des entreprises familiales transmises dans 5 ans ne savent pas qui sera l’actionnaire futur.
Au fur et à mesure que les chefs d’entreprises familiales prennent de l’âge, on pourrait penser que les projets de transfert de la direction quotidienne de l’entreprise deviennent plus concrets. Or, 45% des dirigeants d’entreprises familiales âgés de plus de 65 ans n’ont pas formalisé de plan de succession. Pourtant, le temps nécessaire pour réussir cette transmission est souvent sous-estimé, or c’est un processus long qui peut demander de nombreuses années. Sur les milliers d’entreprises à céder par an en Belgique, nombreuses d’entre elles finissent par disparaitre faute de repreneurs. Ces chiffres révèlent que la génération actuelle peine à passer le flambeau. Mais plus ils attendent, plus leur successeur aura du mal à trouver sa place alors que la moitié des dirigeants d’entreprises familiales souhaitent transmettre l’entreprise à un membre de la famille.
Parmi les priorités à 3 ans, 84% visent une croissance autonome, plus de 6 entreprises familiales sur 10 cherchent à améliorer la productivité ainsi que ses positions de liquidité, et 1 sur 2 souhaite investir dans la digitalisation et les nouvelles technologies. L’enquête dévoile aussi que la durabilité (39%) semble moins prioritaire.
Un rôle traditionnel attendu des banques
BNP Paribas Fortis est perçu comme un soutien clé. Pour autant, la confiance accordée par les entreprises familiales aux banques se concentre principalement dans le rôle traditionnel des banques pour accompagner leur développement.
Benoît Frin, responsable Estate Planning & Lending en charge du segment Family Office et de la Gouvernance des Entreprises familiales chez BNP Paribas Fortis : « Le succès à long terme de l’entreprise familiale dépend de l’efficacité des process et structures de gouvernance, tant au sein de l’entreprise qu’au sein de la famille. Cependant, en raison de la complexité et du nombre de questions à aborder, les entrepreneurs sont souvent confrontés à des difficultés pour mettre en œuvre un processus de réflexion en vue d’élaborer la gouvernance de leur entreprise et de la famille. C’est pourquoi, il est crucial de comprendre leurs enjeux et leurs objectifs de développement. La relation entre le conseiller et l’entreprise familiale repose sur la proximité, la présence, l’écoute et la confiance, ce qui permet d’identifier les besoins et de prendre des mesures préventives, notamment en matière de transmission à la ‘next generation’. Notre expertise va au-delà de notre rôle de banquier : nous avons développé une méthodologie et une offre dédiée. Nous pouvons offrir un accompagnement à la famille pour les guider de manière neutre dans leur réflexions et souhaits quant au futur de leur entreprise familiale et la place qu’ils souhaitent (ou pas) y occuper dans le futur. Cette réflexion est un facteur clé de la pérennité et de la réussite à long terme de toute entreprise familiale. »
Pour 33% des répondants, l’accès à des financements, crédits et investissements est essentiel, suivi par le contrôle des coûts (14%). Et lorsqu’il s’agit de réfléchir à leurs projets concrets pour le futur, la banque est un partenaire idéal pour de nombreuses entreprises familiales pour discuter de leurs projets financiers (40%). La banque peut également les aider à réaliser leur croissance par le biais d’acquisitions ou de fusions (6%) ou via l’expansion de leur activité (4%).
Pour accompagner le développement des entreprises familiales en Belgique, Johan Lambrecht, professeur de macroéconomie et d’entrepreneuriat à la KU Leuven, souligne que « les familles belges à la recherche d’une structure de gouvernance familiale claire et d’un plan de succession ont besoin de lignes directrices pour anticiper et intégrer ces enjeux. Elles doivent travailler sur 3 axes stratégiques : maîtriser et augmenter la productivité, renforcer la gestion de la trésorerie – en surveillant le besoin en fonds de roulement, car ‘le chiffre d’affaires est vanité, le profit est du bon sens, mais la trésorerie est la réalité’ – et préparer la succession de manière anticipée, un processus souvent émotionnel nécessitant une planification rigoureuse ».
[1] Échantillon : représentatif des entreprises belges avec au moins un employé (n=550), incluant uniquement des répondants financièrement responsables avec autorité décisionnelle. Méthodologie : entretiens téléphoniques assistés par ordinateur (CATI) via IPSOS, base de données Belfirst, période du 06/01/2025 au 03/02/2025, durée moyenne de 15 minutes. Pondération : ajustée selon la taille de l’entreprise (54,5 % pour 1-9 employés, 27,1 % pour 10-49, 14,9 % pour 50-199, 3,5 % pour 200+ employés) et la région (ex. : 50 % en Flandre pour 1-9 employés).