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Macroéconomie
14.10.2021
Arne Maes Senior Economist

Voilà le ralentissement de la croissance

Notre propre ‘nowcast’ – notre prévision immédiate – confirme nos perspectives : l’accroissement du PIB ralentit. Cela n’a rien de surprenant ; la croissance temporairement plus élevée que nous connaissons actuellement reflète la reprise après les dommages économiques que nous avons subis l’an dernier. À mesure que ce point de rétablissement approche, le bonus de croissance diminuera. Selon nous, le PIB retrouvera son niveau d’avant le coronavirus au plus tard au début de 2022. Pour la consommation des ménages, cependant, la reprise est nettement moins rapide.

Au cours du troisième trimestre de cette année, la croissance du PIB a ralenti à 1,4 %. C’est ce qui ressort de la prévision immédiate que nous établissons sur la base de nos propres données de transaction agrégées (voir cette contribution précédente). Cela nous place bien en dessous des estimations les plus récentes de la BNB (1,8), mais au-dessus du consensus du marché (0,8).

La croissance que nous prévoyons est toujours nettement plus élevée que le taux auquel l’économie peut croître à long terme. La différence entre les deux taux de croissance peut être considérée comme la reprise de l’économie au niveau pré-Covid. Le mouvement de rattrapage qu’elle nécessite augmente temporairement la croissance ‘normale’. Mais cet effet diminue progressivement.

La voie est claire

Juste avant l’été, le PIB total était encore inférieur d’un peu plus de 2% au niveau d’avant la crise, enregistré au cours du dernier trimestre de 2019. Nous prévoyons une reprise complète au plus tard au début de l’année prochaine.

Cela signifie que la croissance supplémentaire que nous avons observée au cours des derniers trimestres a quasiment fait son travail. En d’autres termes, les augmentations trimestrielles du PIB vont bientôt revenir à la normale. Nous supposons donc que le pic de 1,7% enregistré au cours du deuxième trimestre sera suivi d’un ralentissement considérable. À partir de l’année prochaine, enfin, la croissance trimestrielle sera beaucoup plus proche du niveau à long terme.

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La consommation est à la traîne

Le fait que la reprise de l’économie belge ait été aussi rapide est principalement dû aux dépenses publiques. Au troisième trimestre de l’année dernière, celles-ci avaient déjà dépassé le niveau de fin 2019. Elles ont ainsi contribué de manière significative à la relance de la croissance à ce moment-là.

Juste avant l’été de cette année, les autres composantes du PIB, à savoir les investissements et le commerce international, avaient également dépassé leur niveau d’avant le coronavirus. Le fait que l’économie dans son ensemble ait encore des dommages à compenser était dû à une seule composante : la consommation des ménages. À la fin du mois de juin de cette année, celle-ci était encore inférieure de 6% à son point de rétablissement.

Sur la base de nos propres données de paiement agrégées, nous pouvons observer les dépenses nominales des ménages en temps réel. Comme nous l’avons déjà mentionné plus tôt, ces dépenses étaient revenues au niveau pré-Covid juste avant l’été (voir cette contribution précédente).

Au début des vacances d’été, nous avons même fait beaucoup mieux. Cependant, l’effet espéré de ce que l’on appelle la demande refoulée (en anglais, ‘pent-up demand’) a été de courte durée. Depuis la fin du mois de juillet, les dépenses sont en effet exactement au même niveau qu’il y a deux ans, tandis que les dépenses historiques ont généralement augmenté de 2 à 3% par an. Comme on peut le voir sur le graphique, les récents assouplissements ont également apporté peu de soulagement.

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À cela s’ajoute que nos chiffres nominaux sont actuellement encore plus faussés que d’habitude par la hausse de l’inflation. En effet, la hausse du coût de la consommation, combinée avec la stabilité des dépenses totales, indique que nous dépensons moins en volume qu’avant le début de la pandémie.

Vous pouvez donc aller au restaurant l’esprit tranquille ce week-end, et contribuer ainsi à la reprise de notre économie.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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