Parier contre la dette nipponne
De tout temps, parier contre le marché obligataire japonais a été tentant pour de nombreux traders. Vu le niveau extrêmement bas des taux d’intérêt à long terme, il semble peu probable qu’ils baissent encore davantage, alors que dans un monde où l’inflation refait surface, on aurait tendance à spéculer sur une remontée de ceux-ci. Parier « contre » le marché obligataire revient à tenter de gagner de l’argent en misant sur une hausse des taux d’intérêt à long terme.
Jamais ce pari n’a eu autant de sens qu’aujourd’hui, puisque l’inflation galope à travers la planète et qu’elle a désormais contaminé le Japon. Les traders du monde entier savent également que la banque centrale est à présent dirigée par une nouvelle tête, qui pourrait être moins encline que son prédécesseur à garder les taux aussi bas que possible.
Injections de liquidités en hausse de 8%
Ce pari est une nouvelle erreur, car à y regarder de plus près, on voit bien que la banque centrale a massivement repris ses achats d’obligations publiques. En effet, en moins de six mois, le bilan de la banque centrale a gonflé de presque 8%, pour revenir à son sommet historique atteint dans les semaines qui ont suivi le début de la guerre en Ukraine. À cette époque, toutes les banques centrales s’étaient mises à injecter des liquidités en masse dans le circuit économique pour amortir le choc de la flambée des prix énergétiques et le Japon avait suivi la même politique.
Maintenir des taux bas
Ce revirement d’attitude de la banque centrale illustre bien la volonté d’empêcher coûte que coûte la moindre remontée des taux d’intérêt à long terme, quitte à faire passer au second plan la lutte contre l’inflation. Voilà de quoi brouiller à nouveau les cartes de quiconque voudrait spéculer, car la lutte contre toute hausse excessive des prix est normalement l’objectif principal des banques centrales.
Il faut indéniablement en conclure qu’au Japon, la hauteur de la dette publique (presque 270% du PIB) est telle que le gouvernement ne pourra jamais se passer de la planche à billets. La tentative de réduire la taille du bilan à la mi-2022 n’a manifestement pas été concluante puisqu’on fait déjà marche arrière. Les taux d’intérêt resteront sans doute définitivement proches de zéro, ce qui rend de facto les obligations nipponnes totalement inintéressantes pour les investisseurs étrangers.
Une fameuse cage dorée !