C’est d’ailleurs l’objectif des mesures protectionnistes. Car selon Trump & Co., l’important déficit commercial et son corollaire – le déficit de la balance courante – sont la source de tous les maux. Les Etats-Unis importent trop et exportent trop peu, estiment ses conseillers. On augmente donc les barrières commerciales, ce qui améliore la compétitivité des entreprises locales et nécessite qu’elles agrandissent leurs usines pour répondre à la demande intérieure. Résultat : les importations baissent, ainsi que le déficit de la balance courante.
Mais cette dernière mesure est un pas de trop. Car s’il est vrai que la hausse des barrières commerciales augmente le taux d’emploi et pousse les capitaux vers les secteurs d’importation protégés, elle se fait au détriment des secteurs exportateurs. Conséquence : baisse des exportations, baisse des importations, et baisse du revenu national et de la prospérité. Quant au déficit commercial, il ne change pas.
La balance courante mesure le solde net des biens et services, le solde des revenus perçus de l’étranger et des revenus payés (taux et dividendes) et les transferts nets (paiements vers ou de l’étranger, comme l’aide au développement et les transferts vers la famille). Elle correspond à l’épargne nationale moins les investissements domestiques. Les Etats-Unis investissent plus qu’ils n’épargnent, ou encore, ils consomment davantage que leurs revenus. C’est ce qui explique le déficit de la balance courante. Pour inverser la situation, les Etats-Unis doivent, soit économiser davantage (en particulier les pouvoirs publics), soit investir ou consommer moins.
Ceci se retrouve en porte-à-faux avec les projets de Trump. A l’heure actuelle, les dépenses publiques américaines dépassent de 2% les revenus. Pendant sa législature, le nouveau président souhaite réduire les impôts (des entreprises et des personnes physiques) et lancer de grands travaux d’infrastructure, ce qui devrait faire encore augmenter le déficit budgétaire – en d’autres termes, l’épargne négative du gouvernement américain. Conséquence : le fossé entre épargner (moins) et investir (plus) s’agrandit, de même que le déficit commercial. Ce qui devrait faire hurler Trump contre les Chinois et les Allemands et leur déficit (surplus ?) commercial et l’inciter à prendre encore plus de mesures protectionnistes extrêmes. Un bons cours de base d’économie pourrait pourtant lui éviter de tomber dans une spirale négative commerciale et de prospérité. Vous voyez bien que l’économie, c’est bien plus qu’une façon de créer de l’emploi pour les économistes !!!