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Marchés Financiers
18.05.2021
Sylviane Delcuve Senior Economist

Rachats d’actions à gogo aux USA

Les programmes de rachat d’actions sont de retour aux USA depuis quelques mois, signe que les choses s’améliorent et que les patrons d’entreprises y voient plus clair. Ces rachats sont généralement un excellent soutien aux marchés boursiers, comme on a pu le voir dans les années qui ont suivi la crise financière de 2008. Aujourd’hui, il va falloir naviguer entre craintes d’inflation, et donc remontée éventuelle des taux d’intérêt et optimisme alimenté par ces rachats colossaux d’actions.

Signe que les choses vont mieux, les patrons américains ont renoué massivement avec les programmes de rachats de leurs propres actions, qui avaient déjà fait fureur au lendemain de la crise financière de 2008.  
Quand les temps sont incertains, qu’on ne sait pas de quoi demain sera fait, la prudence veut qu’on thésaurise ses réserves, pour affronter les vents contraires auxquels on risque d’être confrontés. Depuis le début de 2021, les choses ont bien changé : la plupart des entreprises ont publié leurs résultats pour le premier trimestre et les nouvelles sont globalement très bonnes. Il n’en faut pas plus pour que les patrons qui souhaitent rémunérer leurs actionnaires retrouvent le chemin des rachats d’actions. Cette technique est en effet plus flexible que celle qui consiste à payer un dividende, car on peut l’arrêter quand on veut sans se mettre ses actionnaires à dos. On peut décider de procéder à des rachats une année sans être obligé de le faire d’office par la suite. C’est moins évident en matière de distribution de dividendes.

Aux USA, la technique est à nouveau très à la mode, puisque sur les 4 premiers mois de 2021, ce sont pas moins de $484 milliards qui ont ainsi été restitués aux actionnaires : un record depuis 20 ans !

Accélération en vue pour 2021

La banque Goldman Sachs a analysé le phénomène et table carrément sur une hausse de plus de 30% de ce type de rachats sur l’ensemble de l’année 2021, comparé à 2020. A noter toutefois que les sommes ainsi rachetées sur le premier trimestre de 2021 n’égalent pas encore celles observées sur les 3 premiers mois de 2020. A l’époque, personne ne se souciait encore du Covid et les entreprises américaines croulaient sous le cash qui ne rapportait plus rien vu le niveau extrêmement bas qu’avaient atteint les taux d’intérêt.

share buy back

Excellent soutien à la bourse

Le phénomène des rachats d’actions dope les bourses car ils améliorent le ratio « earning per share » ou « bénéfice par action ». Il s’est généralisé à de nombreux secteurs de l’économie, dont ceux qui ont tiré le meilleur parti de la crise sanitaire, à savoir les grands noms de la Tech comme Apple ou Alphabet qui viennent d’annoncer des programmes de rachats d’actions supplémentaires à hauteur de $90 et $50 milliards en avril. De grandes firmes du secteur pharmaceutique ont également renoué avec ces pratiques, interrompues en 2020 à cause de la crise et les banques aussi, puisque la Fed a relâché toute une série de contraintes qui visaient à empêcher une rémunération trop généreuse des actionnaires en 2020 pendant la crise. En décembre 2020 déjà, le patron de Citibank avait décidé (et obtenu l’autorisation) de procéder au rachat de $30 milliards d’actions de sa banque parce que « les résultats étaient bons et que l’avenir était en train de s’éclaircir ».

Les marchés à la croisée des chemins cet été

La bourse traverse toutefois des moments de doute depuis quelques jours, car les pénuries de nombreuses matières premières ont ravivé les craintes inflationnistes. Les rachats d’actions sont par contre un fameux soutien, comme on a pu le voir dans le passé. Reste à voir quel courant l’emportera : la peur de l’inflation et de la remontée des taux qu’elle pourrait provoquer, ou un effet de rattrapage des bénéfices des entreprises portés par une meilleure conjoncture, avec à la clé davantage de rachats d’actions avant des hausses de dividendes, quand l’avenir s’éclaircira encore plus ? Affaire à suivre.  

L’été 2021 pourrait être décisif sur cette question.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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