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Macroéconomie
28.02.2019
Arne Maes Senior Economist

Quelle est la part de l’informalité dans l’économie ?

À la suite de notre publication sur la sensibilité de l’économie belge à la TVA, on nous a demandé quelle était l’envergure de l’économie informelle en Belgique. Des chiffres concrets sont difficiles à trouver, mais des publications récentes du FMI et de la Banque mondiale nous donnent toutefois une indication. Ces dernières années, l’économie souterraine belge a perdu en importance, même si elle reste nettement plus élevée que dans nos pays voisins.

À l’échelle mondiale

Dans une note publiée fin de l’année dernière, Norman Loayza analyse pour la Banque mondiale le phénomène de l’économie informelle. Il y fait la distinction entre le travail au noir et la production informelle. Le graphique gauche présenté ci-dessous montre la part du travail au noir dans l’emploi total, et ce pour différentes régions*.

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Pour les économies en voie de développement, par exemple celles de l’Asie du Sud, le volume de travail au noir atteindrait près de 90 %, contre 50 à 60 % en Amérique latine. La moyenne des pays industrialisés du club de l’OCDE, bien meilleure, s’établit à 10 %. En ce qui concerne la production informelle, exprimée en pourcentage du PIB total, les chiffres sont nettement inférieurs, et la moyenne des pays de l’OCDE est également de 10 %.

En Belgique

Mais où se situe la Belgique ? Étant donné la nature de l’économie informelle, les chiffres sur le sujet sont plutôt rares. En 2010, la BNB a publié une étude dans laquelle elle estimait la part de l’économie parallèle à près de 3,8 % du PIB total. Au même moment, plus ou moins, le professeur Schneider (Université de Lintz) serait arrivé pour la Belgique à un pourcentage beaucoup plus élevé.

Dans un document de travail récent du FMI, l’importance du secteur informel belge est estimé à environ 17 % du PIB fin 2015. Pour leurs calculs, les auteurs du document se sont basés sur le travail… du professeur Schneider précité. Le graphique ci-dessous montre l’évolution de l’économie informelle en Belgique et dans nos pays voisins. En 2018, l’économie informelle se monterait à presque 15 % du PIB, soit près du double des 8 % calculés pour les Pays-Bas.

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Politique

Il est donc fort probable que le secteur informel belge ait perdu en importance, ces dernières années. L’étude originale de la BNB révèle surtout l’importance des secteurs de la construction, de l’horeca et des services effectués par du personnel de maison. Il est quasi certain que la part de ces deux dernières branches d’activité dans l’économie au noir a diminué après l’introduction respective de la caisse enregistreuse est des titres-services. **

Loayza note également que la politique menée doit viser à rendre les activités formelles plus attrayantes, notamment par une réduction des charges administratives et une flexibilité accrue du droit du travail. Et voilà qu’il s’agit justement des deux points de travail de l’économie belge…

 

* Il s’agit bien entendu d’estimations. Le document de travail du FMI contient de plus amples informations sur la méthodologie adoptée.

** Selon une publication récente de la BNB, l’émergence de l’économie du partage, dans laquelle certaines formes de rémunération restent non taxées (avec ou sans l’approbation du législateur), peut temporairement conduire à un accroissement de l’économie informelle.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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