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Politique
06.08.2018
Sylviane Delcuve Senior Economist

Quand les compteurs tournent à l’envers

L’Allemagne vient de renforcer encore un peu sa réputation d’excellent gestionnaire de ses comptes. Grâce à des recettes fiscales plus élevées que prévu et des taux d’intérêt incroyablement bas, le compteur de la dette tourne même à l'envers depuis peu. La comparaison avec la Belgique est édifiante.
 

Baisse de la dette publique en Allemagne

L’Allemagne vient de renforcer encore un peu sa réputation d’excellent gestionnaire de ses comptes. Grâce à des recettes fiscales plus élevées que prévu et des taux d’intérêt incroyablement bas, le Ministre des Finances vient d’annoncer fièrement que la dette publique avait diminué de €42 milliards en 2017, pour atteindre moins de €2000 milliards, soit moins de €24.000 par habitant.

Le pays se porte bien d’un point de vue économique : belle tenue de l’industrie, hausse des revenus, emploi record, de sorte qu’une croissance de l’ordre de 2.1% est attendue pour 2018. Le déficit budgétaire a disparu depuis belles lurettes, et c’est un surplus de 1.5% qui est attendu pour la fin de l’année. Ceci représente une manne de €50 milliards, qui va permettre certaines largesses, au niveau de l’enseignement ou encore dans le domaine de la digitalisation de l’économie, ainsi que dans les soins de santé. Le nouveau Ministre des Finances a déjà prévenu qu’il n’y aurait pas d’endettement supplémentaire du pays au cours de son mandat, qui se termine en 2022. C’est même tout le contraire qui se passe actuellement, puisque cette gestion vertueuse a conduit la dette à baisser !

Le compteur de Berlin tourne à l’envers

Un compteur, installé à Berlin, affiche la dette publique allemande en temps réel : Celui-ci recule à présent au rythme de €78 par seconde, alors qu’en 2009, au lendemain de la crise financière, il avançait de €4400 par seconde !

A ce rythme-là, le Ministre des Finances a annoncé que la dette publique ne représenterait plus que 50% du PIB d’ici la fin de la législature. Ce trésor de guerre vaudra sans doute son pesant d’or si, suite aux menaces américaines à l’encontre des voitures allemandes, les perspectives du pays devaient se détériorer au fil du temps.

Dette publique

Belgique : Pas de manne à distribuer

En Belgique, à titre de comparaison, le compteur ne tourne pas à l’envers, loin de là. On peut le suivre sur internet : il augmente encore tellement vite qu’on peine à savoir de combien il avance par seconde. Le rythme semble être d’environ €1000 par seconde ! Nous espérons tous que le ratio de la dette baisse vers le seuil de 100% pour la fin de cette année, ce qui signifierait une dette de l’ordre de €458 milliards, soit près de €42.000 par habitant (chiffres du FMI). Pas de manne à distribuer non plus, puisque le déficit atteindra encore environ €6 milliards cette année, soit 1.3% du PIB.

Voici deux réalités bien différentes, qui ne manqueront pas de compliquer les discussions en vue d’une meilleure intégration économique et financière au niveau européen.

Et de quoi méditer à l’approche des élections communales et provinciales cet automne….

  

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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