La semaine passée, une grande société pétrolière a annoncé devoir fermer temporairement certains de ses sites au Royaume-Uni. La cause ? Une pénurie de carburant. Les livraisons prévues n’ont pas pu être faites, faute de chauffeurs routiers qualifiés.
Offres d’emploi & salaires
Ces derniers mois, au Royaume-Uni, le taux de vacance (voir cette contribution précédente) du secteur du transport a fortement augmenté. Le graphique ci-dessous montre que pendant le premier confinement de l’année dernière, parmi tous les postes vacants du secteur britannique du transport, 0,5% seulement était ouvert. Depuis, ce pourcentage est devenu presque quatre fois plus important.
Nous constatons une évolution similaire en ce qui concerne la zone euro dans son entièreté, quoique de manière bien plus atténuée. Le taux de vacance pour toute la zone est toujours inférieur à son niveau pré-Covid.
Selon la fédération du secteur RHA, cette différence s’explique par l’impact du Brexit. En effet, l’incertitude quant au statut des nombreux chauffeurs étrangers a contribué à mettre la pression sur l’offre. S’y est ajouté le fait qu’un nombre très restreint de nouveaux chauffeurs ont pu être formés ces derniers mois en raison des mesures de distanciation sociale.
Le manque de chauffeurs attise la lutte concurrentielle entre les employeurs, ce qui fait augmenter les salaires. Des chiffres de Bloomberg montrent que les salaires des chauffeurs au Royaume-Uni se sont accrus de presque 12% depuis le début de l’année passée. Comme on peut le voir sur le graphique ci-dessous, une bonne moitié de cette hausse s’est produite en l’espace de quelques mois à peine.
Les salaires plus élevés ne semblent pas encore convaincre les britanniques pour autant.
Le gouvernement britannique essaie de résoudre le problème à court terme en accordant 5.000 visas temporaires à des chauffeurs étrangers. En outre, dans l’intérieur du pays, des contacts sont pris avec d’anciens chauffeurs en espérant qu’ils viennent temporairement prêter main-forte au secteur.
Et si tout cela ne suffit pas, il reste toujours l’opération Escalin.
Ce scénario pourrait-il aussi se produire en Belgique ?
Un sondage de l’ERMG mené juste avant l’été a montré que deux tiers des entreprises logistiques ayant essayé de recruter du personnel ont eu des difficultés à le faire. Le manque de candidats était invariablement nommé comme principale raison.
Le secteur tente de trouver une solution créative au problème : la reconversion du personnel existant, l’embauche de travailleurs temporaires et l’externalisation de tâches à d’autres entreprises y sont monnaie courante. Maintenant que les chiffres – d’après ce même sondage – ne souffrent plus de la crise du coronavirus, le secteur voit apparaître de nouveaux tracas.
Un atout important reste l’adhésion à l’Union européenne. En Espagne, en Grèce et dans certains pays d’Europe de l’Est, le taux de vacance du secteur du transport a atteint à peine 1%. Et dans un marché unique qui fonctionne bien, l’offre et la demande se rencontrent rapidement, même au-delà des frontières nationales.