Nous avons analysé la consommation privée (et d’autres composants du PIB) sur la base des comptes nationaux, établis sur base trimestrielle. En règle générale, la Banque Nationale de Belgique publie un mois après la fin du trimestre une première estimation de la croissance économique au cours de ce trimestre. C’est ce qu’on appelle l’estimation flash. Un mois plus tard suit le chiffre définitif, même s’il est régulièrement revu. Au final, nous ne connaissons le PIB réel et les données sur les facteurs sous-jacents qu’après quelques mois. Les choses pourraient-elles aller plus vite ?
Real time consumer spending
Depuis le début de 2020, nous suivons les dépenses mensuelles des ménages en utilisant nos propres chiffres. Nous consolidons les flux anonymisés à partir des comptes bancaires détenus chez nous par les ménages belges. Les flux sortants indiquent les dépenses réalisées. Le graphique ci-dessous montre la baisse de ces flux au cours des périodes de confinement pendant la pandémie.
Notre méthode n’est pas une alternative parfaite pour mesurer la consommation privée puisque nous nous limitons aux paiements réellement effectués et nous n’intégrons pas les achats à crédit. Cependant, nos données nous permettent par exemple de zoomer sur les dépenses pendant les vacances d’été (+3-4%). Et nous avons aussi constaté une nette hausse de la part du commerce en ligne dans les dépenses totales.
Le graphique ci-dessous montre l’augmentation de ces dépenses pendant la première période de confinement. Ce n’est bien entendu pas une surprise étant donné les restrictions imposées aux magasins physiques. Il est remarquable de constater à quel point notre comportement pendant cette période préfigurait la tendance qui s’est ensuite poursuivie. Selon nos données les plus récentes, la part du commerce en ligne dans les dépenses totales est passée de 9% avant la pandémie à 20% aujourd’hui.
Commerce de détail
En plus des données trimestrielles des comptes nationaux, Statbel publie chaque mois les résultats du commerce de détail. Dans un récent article, nous expliquions que ces derniers avaient continué à augmenter en termes nominaux mais que les volumes étaient en nette baisse. En d’autres termes, nos dépenses dans les petits commerces, corrigées pour tenir compte de l’inflation, se situent aujourd’hui à leur plus bas niveau en quatre ans. On peut donc parler de changement fondamental de comportement.
Cela signifie aussi que l’augmentation du chiffre d’affaires du secteur résulte entièrement de la hausse des prix. Pour l’instant, cela ne semble pas trop pénaliser les petits commerces. Les chiffres des faillites sont relativement inférieurs à ceux du reste de l’économie, et ce alors que les secteurs de la construction et du transport enregistrent davantage de faillites qu’avant la crise du coronavirus.
Avec la normalisation progressive de l’inflation (cf. contribution précédente), cette dynamique devrait prendre fin. Les petits commerces pourront-ils à nouveau nous séduire ? L’avenir nous le dira.