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Macroéconomie
10.11.2022
Sylviane Delcuve Senior Economist

Les cols blancs menacés ?

La pandémie a changé le marché du travail. Quel avenir pour les cols blancs ?

Le monde du travail a profondément changé depuis la pandémie : entre conditions de travail dégradées et salaires trop bas, de nombreux secteurs d’activité se retrouvent aujourd’hui en manque de personnel. À y regarder de plus près, ce sont surtout les métiers « physiques » comme chauffeur de camion, infirmière, aide-soignant et ceux de l’horeca qui ont vu les gens déserter depuis 2 ans. Ces métiers sont aussi appelés les « cols bleus », en opposition aux « cols blancs » qui s’exercent plutôt dans des « bureaux ».

La crise menace les cols blancs

Aux USA, les espoirs de reprise soutenue de l’activité post-pandémie et la peur de manquer de main d’œuvre ont conduit de nombreuses entreprises à recruter massivement, par crainte de ne plus trouver les bons profils quand la croissance reprendra. L’inflation galopante de 2022 et la guerre en Ukraine ont cependant changé la donne du tout au tout. Beaucoup se retrouvent en réalité avec trop de travailleurs, surtout parmi les « cols blancs », présents dans les fonctions de middle-management. La menace grandissante d’un net ralentissement économique, voire d’une récession en ont déjà conduit plusieurs à annoncer des licenciements : Walmart, Black & Decker, Netflix, et tout récemment Twitter et Meta.

layoffs usa

Un sondage conduit il y a peu par KPMG révélait d’ailleurs que 51% des CEO interrogés prévoyaient de réduire leur staff au cours des prochains mois, surtout dans les « bureaux », car dans les usines, les pénuries de main d’œuvre restent d’actualité malgré des hausses de salaires parfois très généreuses. Peu d’entreprises envisagent de licencier leurs ouvriers, car on en manque partout. Ce serait moins le cas pour les fonctions de middle management, dont le rôle aurait diminué depuis la pandémie. En effet, de nombreux patrons se sont rendus compte qu’il était finalement facile d’implémenter de grands changements de cap sur base de décisions « prises au sommet » sans le soutien du middle management.

Et maintenant ?

Le taux de chômage américain est au plus bas depuis 1974 et les salaires continuent de monter, alimentant une nouvelle hausse, inévitable, d’inflation. Il faudra donc coûte que coûte réduire celle-ci, en continuant à monter les taux d’intérêt jusqu’à ce que l’économie ralentisse.

Les « cols bleus » resteront extrêmement demandés, surtout dans le schéma actuel d’une réindustrialisation massive de l’économie américaine visant à réduire la dépendance au reste du monde (puces de Taiwan, etc.). On peut par contre s’attendre à ce que certains « cols blancs » se réorientent face à un avenir professionnel plus incertain.

En Europe aussi ?

Le marché s’adaptera, comme souvent aux USA. Reste à voir la tournure que prendra le marché du travail européen, confronté aux mêmes pénuries de « cols bleus » que les USA, mais avec une main d’œuvre généralement moins flexible et moins modulable. 

 

 

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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