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Microéconomie
24.10.2022
Arne Maes Senior Economist

Le télétravail fait désormais partie du paysage

Au début de la première période de confinement, il y a un peu plus de deux ans, nous avons collectivement lancé une expérience à grande échelle : le télétravail. Les premiers résultats font progressivement surface. Nicholas Bloom, professeur d’économie à l’Université de Stanford, étudie ce phénomène depuis déjà 20 ans. Au début de ce mois, il a organisé la « Remote Work Conference », où de nombreux experts sont venus présenter les résultats de leurs recherches. La baisse du nombre de navetteurs a provoqué des pertes dans les cafés et snack-bars autour des lieux de travail traditionnels. Mais le Royaume-Uni s’est montré créatif.

Largement répandu

Depuis avril 2020, la Banque Nationale mène régulièrement des enquêtes dans les différents secteurs. Les entreprises sont appelées à communiquer des données sur leurs coûts (en hausse), leurs investissements (en baisse) et leur personnel (difficile à trouver !). Les questions peuvent être différentes d’une édition à l’autre. Depuis le début, les enquêtes portent sur l’organisation du travail. Le graphique ci-dessous résume bien son évolution.

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La ligne bleue indique comment le recours massif au chômage temporaire au cours de la première période de confinement a aidé près d’un employeur sur trois. Ce nombre s’est ensuite rapidement normalisé et, depuis le début de cette année, il s’est rapproché du niveau historique d’environ 100.000 travailleurs.

La ligne verte indique le pourcentage de travailleurs pratiquant (occasionnellement) le télétravail. Ce nombre a bondi au début de la pandémie pour ensuite se stabiliser en grande partie. Cette situation est comparable à celle des autres pays, comme le montre le graphique ci-dessous qui concerne les États-Unis.

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Les travailleurs se comportent différemment. Selon la récente étude de Bloom et de ces collègues, près de la moitié des travailleurs interrogés ont l’intention de continuer à suivre certaines règles de distanciation sociale. Cette proportion augmente dans la catégorie des travailleurs plus âgés et chez ceux qui ont de nombreux contacts avec la clientèle. Les modèles de Bloom suggèrent que cette dynamique pourrait faire baisser de deux points de pourcentage le taux d’emploi aux États-Unis.

Et demain ?

Cette nouvelle réalité influence la façon dont les entreprises recrutent. Le troisième graphique montre le nombre de mentions « remote work » (travail à distance) dans les annonces des recruteurs dans plusieurs pays anglo-saxons. La proportion est passée d’environ 2-4% avant la pandémie à 10% en moyenne pour le Royaume-Uni, et même à 20% début 2022.

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Le fait que nous nous rendions moins souvent au bureau a également un impact sur l’environnement immédiat des immeubles de bureaux. Une récente enquête menée par Michael Dalton (chercheur en économie au sein du US Bureau of Labor Statistics) révèle qu’une baisse de 10% du nombre de navetteurs provoque une réduction de près de 2% de l’emploi dans les établissements horeca et le petit commerce alentour. Selon plusieurs chercheurs, cette situation pourrait également avoir un impact négatif important sur la valeur de l’immobilier.

Innovation

Cela étant, certains secteurs ne sont pas restés les bras croisés. Au Royaume-Uni, la brasserie Fuller – propriétaire de près de 350 « pubs » – a lancé une nouvelle initiative. Elle propose des forfaits « WFP » ou « Work From Pub ». Pour quelques livres sterling, vous pouvez y travailler au calme pendant la journée, repas compris. L’initiative a été reprise par Young’s, une autre brasserie dont le réseau compte environ 180 pubs. Celle-ci a cependant mentionné que seules les boissons non alcoolisées étaient incluses dans le forfait.

De cette façon, le secteur – qui, selon nos informations, n’a pas reçu beaucoup d’aide des pouvoirs publics dans sa lutte contre la hausse des prix de l’énergie – a malgré tout mieux résisté. Et ceux qui travaillent sur leur ordinateur dans un pub n’ont pas besoin de chauffer leur logement pendant la journée. Un système apparemment « gagnant-gagnant », à condition que les employés ne terminent pas leur journée avec une gueule de bois.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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