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Politique Monétaire
16.12.2021
Sylviane Delcuve Senior Economist

La spirale inflationniste est enclenchée

Une inflation galopante marque la fin de l’année, avec des chiffres très élevés partout au mois de novembre. Les chiffres américains dévoilent que les hausses de prix se répercutent à tous les stades de la production et il est à présent évident que ces hausses ne sont pas uniquement dues à des problèmes de chaînes d’approvisionnement. Les prix des services flambent aussi. De quoi faire réagir la Fed.

 

Aux Etats-Unis, les chiffres de l’inflation relative au mois de novembre ont surpris par leur niveau, puisqu’un record vieux de 40 ans a été franchi ! Il faut remonter à 1982 pour retrouver une telle hausse de prix ! La publication de cet indicateur au centre de toutes les attentions chamboule complètement les choses, au point que la banque centrale américaine va devoir revoir sérieusement sa copie en matière de rythme de retrait de son soutien à l’économie car la machine s’emballe visiblement.

PPI en détail

Ce qui est plus significatif encore, c’est que lorsqu’on décortique les chiffres et qu’on regarde ce qui se passe à tous les étages du processus de production, les hausses sont affolantes. Les différents stades correspondent aux étapes au cours desquelles les matières premières sont progressivement transformées en produits finis achetés par des consommateurs.  

Le Bureau of Labor publie l’évolution des prix à la production industrielle à 4 stades de la production et, à chaque stade, on observe des hausses de prix vertigineuses, qui reflètent les problèmes de goulots d’étranglement qui caractérisent le monde dans lequel nous vivons.

Des hausses de prix qui se répercutent

PPI USA

Le graphique reprend les hausses observées à 4 stades, et on y comprend l’ampleur du problème. Au stade 1, la hausse des prix a atteint 20,8%. Au stade 2, c’est une hausse de plus de 28%. Au stade 3, c’est 20% et au stade 4, lorsque le produit est fini, on se situe sur une hausse proche de 13%. En conclusion, les hausses se répercutent de stade en stade et aboutissent sur le produit fini, qui est alors vendu au consommateur final. Ce dernier subit la hausse des prix à la consommation (CPI) qui a franchi un record vieux de 40 ans au mois de novembre, en hausse de 7% à un an d’écart. C’est ce chiffre que tout le monde retiendra, mais le fait que les hausses puissent se répercuter aussi facilement à tous les stades de la production annonce inévitablement des lendemains inflationnistes.   

Prix des services en hausse

Depuis le redémarrage des économies, début 2021, on a surtout parlé des goulots d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement et de la flambée des matières premières mais l’élément neuf auquel peu ont pensé, c’est que les prix des services se mettraient eux aussi à monter. Or, ils n’ont aucun lien avec la pénurie de semiconducteurs ou les coûts de transport.

Nous sommes passés dans un monde où les fournisseurs de services peuvent aussi augmenter leurs prix sans crainte de faire fuir le consommateur. Aux Etats-Unis, les prix à la production des services ont monté de plus de 7% à un an d’écart, et le graphique illustre bien la vigueur du phénomène. Cet indicateur inclut le prix de la production de services aussi divers et variés que les locations de vacances, les frais de courtage en bourse, les services proposés par les compagnies aériennes ou encore les services facturés par les sociétés de transport et beaucoup d’autres.

prix des services

En conclusion, le monde est devenu nettement plus inflationniste en 2021, et ce n’est sans doute qu’un début puisque les producteurs peuvent aisément répercuter leurs prix sur les consommateurs. La Fed l’a bien compris, puisqu’elle communique de manière beaucoup plus ferme sur sa réduction de soutien à l’économie qui se fera par le biais d’un retrait plus rapide des sommes injectées chaque mois dans le système financier.

Les prochains chiffres d’inflation seront donc scrutés à la loupe, car la rapidité avec laquelle ils se normaliseront influencera forcément le sentiment des investisseurs en 2022.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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