La jungle de l’inflation

S’il y a bien un thème qui intéresse tout le monde depuis un an, c’est celui de l’inflation, qui a drastiquement changé notre quotidien depuis la fin de la pandémie.

Alors, inflation négative en Belgique ? Vraiment ?

À y regarder de plus près, c’est une véritable jungle et y trouver son chemin n’est pas chose aisée.

Nous avons établi quelques graphiques afin de mieux se rendre compte du chemin parcouru et de tenter d’y voir clair. Sur le premier, nous avons repris l’évolution de plusieurs mesures classiques de la hausse des prix : l’inflation totale telle qu’on la mesure depuis la nuit des temps, l’inflation sous-jacente, qui mesure la hausse des prix sans tenir compte des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, l’inflation harmonisée, qui est un concept européen qui a vu le jour dans le cadre de la création de la monnaie unique pour pouvoir comparer l’inflation dans les différents pays candidats à l’euro, et enfin, l’indice-santé, qui est utilisé pour indexer les salaires, les loyers et toutes les prestations sociales.

Il ressort de ce premier graphique que l’inflation harmonisée chute de manière spectaculaire en Belgique au mois d’octobre, la plaçant à -1,7%. Ce chiffre est le plus bas depuis la sinistre année de la crise financière en 2009. Il ressort aussi que les autres mesures de l’inflation restent, quant à elles, positives et parfois même beaucoup trop, comme l’inflation sous-jacente qui atteint toujours plus de 6% à un an d’écart et fait de notre pays l’un des plus mauvais élèves de la zone euro.

Uniquement en Belgique ?

Nous avons voulu savoir si ce chiffre d’inflation harmonisée négatif s’était généralisé en Europe. Pour ce faire, nous avons établi un second graphique. Le constat est assez saisissant car la Belgique fait figure d’exception avec un taux négatif. La France affiche un taux de plus de 4,5% et l’Allemagne un taux de 3%. Pourquoi un tel chiffre en Belgique ?

Selon l’organisme qui publie ces chiffres, Statbel, cela s’expliquerait par la chute du prix de l’énergie (électricité, gaz et mazout de chauffage), tandis que les prix de l’alimentaire, eux, seraient toujours en forte hausse (+9%). Il semble en tout cas assez difficile de croire que le prix de l’énergie diminue tellement plus en Belgique qu’ailleurs, au point de mener à une inflation harmonisée en chute alors qu’elle reste positive partout ailleurs en Europe.

La déflation n’est pas pour demain

Ce qui est évident, c’est que nous n’en avons certainement pas fini avec l’inflation, même si le sommet atteint en 2022 semble bien derrière nous. La Belgique n’est pas tombée en situation d’inflation négative et personne ne s’y attend d’ailleurs pour les prochains mois. Le discours des banques centrales va dans ce sens et cela paraît tout à fait logique. On peut par contre se poser des questions quant à l’utilité réelle des chiffres relatifs à l’inflation harmonisée, si on y inclut tellement de concepts spécifiques qu’ils conduisent à des messages incompréhensibles pour la plupart d’entre nous. 

La jungle des chiffres !