La fermeture des écoles pendant la pandémie de coronavirus a creusé les inégalités

Pour contrer la propagation du virus, de nombreux pays ont fermé les écoles à plusieurs reprises au cours des deux dernières années. Dès le départ, des craintes avaient été exprimées quant à l’impact de ces fermetures sur les enfants concernés. Les chercheurs Laura Moscoviz et David K. Evans ont fait le bilan. Ils ont notamment lancé une « méta étude », synthétisant les résultats d’études précédentes.

Déficit d’apprentissage

Moscoviz et Evans ont rassemblé 29 études ayant mesuré le « learning loss »* dû aux fermetures des écoles pendant la pandémie. Selon les auteurs, deux raisons expliquent ce déficit d’apprentissage. D’une part, les connaissances oubliées par les enfants (« forgotten learning ») lorsque les écoles ont fermé et, d’autre part, les connaissances non acquises (« forgone learning »), étant donné que de nombreux cours ont été annulés.

Les enfants belges ont également souffert de cette situation. Après la première période de confinement, les enfants d’école primaire ont obtenu de moins bons résultats lors de tests standards en langues et en mathématiques. Pour ces deux matières, le déficit était d’environ 0,2 écart-type, une mesure statistique des écarts par rapport à la moyenne.

C’est beaucoup. Sur une carrière complète, une augmentation (baisse) de 0,2 écart-type du niveau scolaire correspond à 2 à 3% de revenus professionnels supplémentaires (en moins). Les dommages subis menacent donc la future carrière de ces enfants.

Le graphique ci-dessous montre l’impact estimé de la crise du coronavirus sur les écoliers belges, par quantile de résultats aux tests. Dans le domaine de la langue (partie supérieure du tableau), on constate un retard général. Par ailleurs, les meilleurs élèves ont également obtenu des résultats nettement moins bons qu’auparavant aux tests de mathématiques.

Les inégalités ont augmenté

Il est frappant de constater que l’étude belge révèle une augmentation des inégalités. Le déficit d’apprentissage a surtout été observé dans les écoles dont la majorité des élèves sont issus de milieux socio-économiques défavorisés. Cela s’explique notamment par le fait que beaucoup, parmi  ces élèves, ont dû travailler sans ordinateur et n’avaient pas d’endroit tranquille pour étudier à la maison.

Même son de cloche chez Moscoviz et Evans, qui ont constaté un important retard d’apprentissage chez les enfants défavorisés. Ils plaident donc également en faveur de politiques axées sur les enfants les plus faibles. Le lauréat du Prix Nobel Duflo formule quelques recommandations à cet égard.

Les chercheurs de la KU Leuven à l’origine de l’étude belge insistent sur la nécessité de s’attaquer également au retard constaté chez les élèves les plus forts. Ils s’inquiètent des moins bons résultats des meilleurs élèves en mathématiques. Pour garantir notre prospérité future, il est très important de continuer à produire des ingénieurs et des programmeurs de haut niveau.

* Dans ce qui suit, ce « learning loss » est traduit comme « déficit d’apprentissage », même s’il n’est pas toujours clair si ce retard pourra effectivement être rattrapé.