La Belgique est-elle prête pour l’IA ?

Nos collègues de Londres ont mis au point un indicateur de « préparation à l’IA ». Il indique les pays les mieux placés pour tirer parti de cette nouvelle technologie. Il s’agit des pays où les prestataires de services (digitaux) occupent une place importante dans l’économie, où la recherche est très avancée et où le soutien du secteur public est important.

Qui sont les champions ? Les États-Unis, le Royaume-Uni et Singapour. Cette perle économique asiatique remporte la médaille d’or, en partie grâce à son programme SkillsFuture Series. Mais un de nos voisins s’en sort également très bien. Du moins beaucoup mieux que nous.

L’indicateur

Pour l’indicateur, nos collègues se sont entre autres appuyés sur les données de l’indice Digital Skills Gap (DSG-i) (colonnes 2, 3, 5 et 6), qui mesure notamment les compétences des habitants en matière digitale et le degré avec lequel ces compétences et les formations sur ce sujet réagissent aux évolutions du marché de l’emploi. Ils ont également pris en compte le soutien des pouvoirs publics et le focus des recherches académiques sur des sujets liés au digital.

Enfin, ils ont tenu compte du poids de certains services dans l’ensemble de l’économie. Il s’agit notamment du commerce de gros et de détail, du transport et des services financiers, professionnels et aux personnes. Nos collègues estiment que les entreprises de ces secteurs sont les mieux placées pour tirer parti de l’IA.

Le tableau ci-dessous résume les principaux résultats.

La Belgique et ses voisins

Avec un résultat de 6,1, la Belgique se classe honorablement. Notre score final se situe entre celui de l’Allemagne et de la France, tandis que les Pays-Bas font nettement mieux. Seul Singapour fait mieux que nos voisins du nord.

Notre pays (et nos voisins) se classe(nt) extrêmement bien en termes de réactivité digitale, en partie grâce au niveau élevé de formation des travailleurs. Les États-Unis, la Chine et l’Inde se classent beaucoup moins bien par rapport à cette variable.

Le score de la Belgique est légèrement obéré par ce que nos collègues ont baptisé « l’intensité de la recherche ». Selon l’indice DSG, et par comparaison avec les Pays-Bas, notre monde académique publie moins d’articles (aussi bien le total que per capita) et le nombre de publications augmente peu.

Quid des règlementations ?

L’indicateur ne prend en compte aucune variable liée aux règlementations. Les auteurs précisent qu’une règlementation (trop) stricte peut entraver l’adoption de l’IA. Pour cette raison, ils partent du principe que le niveau américain de préparation à l’IA est sous-évalué étant donné le « laissez-faire » caractéristique du pays. Pour la Chine, le raisonnement doit être inversé.

En fin de compte, l’IA devrait accélérer la croissance dans les pays développés au cours des années à venir. Pour les États-Unis, elle pourrait générer chaque année 0,1% de croissance supplémentaire, ce qui représenterait une hausse de la productivité de près de 1% d’ici 2035. En Europe occidentale également, un tel scénario fait partie des possibilités. Mais il est trop tôt pour que les décideurs crient victoire. Même dans ce scénario de forte croissance potentielle, la réduction de la dette en Europe ne s’accélérera guère.