Le rouble est-il en faillite ?
Au début des sanctions, le rouble s’est effondré, pour se reprendre ensuite rapidement. Ce fut entre autres une des conséquences de la politique monétaire agressive menée par la banquière centrale, Elivra Nabiullina, à savoir une forte hausse des taux d’intérêt. Entre-temps, le cours de change réel du rouble se situe à un niveau historiquement élevé.
La balance commerciale se redresse
Le rouble ne doit pas sa bonne santé retrouvée uniquement à la politique monétaire (stricte). Les pays ayant voté les sanctions refusent désormais d’exporter vers la Russie, ce qui a provoqué l’effondrement des importations russes. La valeur totale des flux sortants de la Russie a bondi grâce à la hausse des prix de l’énergie. Cette demande de roubles supplémentaire a également profité à la devise russe.
La production de pétrole est stable
La production a fortement chuté début avril mais s’est depuis lors en grande partie reprise. La Russie a cependant dû trouver de nouveaux débouchés et les a essentiellement trouvés en Asie. Le prix du pétrole s’est envolé, entraînant une hausse des profits pour les pays producteurs de pétrole. Plus tôt ce mois-ci, le cartel OPEP s’est mis d’accord pour réduire légèrement sa production afin de ralentir la baisse du prix de l’or noir.
Peu de gaz russe arrive aujourd’hui en Europe
L’Europe ne reçoit aujourd’hui qu’une fraction du gaz qu’elle achetait à la Russie avant l’invasion de l’Ukraine. Après la mise à l’arrêt des livraisons via Nord Stream 1, le volume total est tombé à 20% à peine. Les pays du G7 se sont mis d’accord sur un prix maximum pour le gaz russe. La mise en œuvre de cette décision est cependant loin d’être simple. La Russie a répété qu’elle mettrait fin à ses livraisons si ce prix plafond devenait une réalité.
Partir ou rester ?
Il existe cependant de grandes différences selon les secteurs. Les acteurs des secteurs des soins de santé et l’industrie (lourde) sont restés largement présents. L’origine de ces entreprises joue bien entendu aussi un rôle : la plupart des sociétés d’origine chinoise sont restées en Russie.
Combiné avec la baisse des importations, le départ des entreprises étrangères pèse sur l’économie russe. Une étude récente révèle que la production domestique de véhicules est en grande partie à l’arrêt, étant donné que le pays ne peut plus importer, non seulement des puces électroniques, mais aussi d’autres composants complexes tels que les airbags et les systèmes de freinage.
Impact macro-économique
En fin de compte, depuis le début des sanctions, l’inflation augmente et la croissance économique ralentit en Russie. Ces tendances sont clairement visibles dans les chiffres de FocusEconomics, qui agrège les prévisions de plusieurs banques et autres instituts internationaux.
Leurs dernières prévisions – antérieures aux sanctions – indiquaient pour l’économie russe une croissance de 2,6% cette année sur base annuelle et de 2,1% l’an prochain (cf. la partie verte non hachurée des barres du graphique ci-dessous). Tout comme aux Etats-Unis et dans la zone euro, les experts s’attendent à une forte hausse de l’inflation russe.
Le dernier consensus sur les perspectives de l’économie russe est beaucoup plus pessimiste. L’économie réelle russe devrait se contracter, tant cette année que l’an prochain. L’inflation restera élevée avec une moyenne de plus de 8% l’an prochain.
Cette comparaison démontre douloureusement que les parties ayant voté les sanctions souffrent également. Tant aux Etats-Unis qu’en Europe, les estimations d’inflation sont beaucoup plus élevées et la croissance réelle est nettement plus faible.