Nous confirmons nos prévisions précédentes pour le trimestre en cours. Notre hypothèse à ce moment-là – à savoir que le ralentissement économique observé au cours de la dernière semaine de février se poursuivrait en mars – semble hélas s’être confirmée. Alors que le BCM (Business Cycle Monitor) de la Banque Nationale de Belgique (BNB) tablait encore sur une croissance trimestrielle de 0,6%, nous constatons une hausse d’à peine 0,1% du taux d’activité au cours de la période entre janvier et mars par rapport au dernier trimestre de l’an dernier. Nous prévoyons une croissance de 2,1% pour l’ensemble de l’année.
La consommation privée continue d’inquiéter
Dans un contexte de hausse des prix, la confiance des consommateurs s’est effondrée le mois dernier. Il s‘agit de la baisse la plus importante depuis que la BNB a commencé à collecter ces données en 1985. Il faut remonter à avril 2020 pour constater une chute de la confiance aussi soudaine.
Le graphique ci-dessous montre la corrélation entre la confiance des consommateurs (en rouge) depuis le début de la pandémie de coronavirus et la consommation privée nominale (en bleu). La consommation, dont les chiffres ne sont malheureusement disponibles que sur base trimestrielle, a fortement reculé au cours de la période avril-juin 2020, soit au moment de la première période de confinement. Cette chute a été suivie par une reprise progressive, plus ou moins conforme à l’évolution de la confiance.
Cette confiance a soudainement chuté en mars à cause, selon la BNB, de la guerre en Ukraine et des hausses soudaines de prix. Les observateurs craignent aujourd’hui que les dépenses de consommation ne suivent le même chemin.
Cette hypothèse est confirmée par notre propre indicateur de dépenses de nos clients Retail (en vert), qui flirte depuis déjà des mois avec le niveau d’avant-crise. Cela signifie que les dépenses nominales sont encore inférieures à leur niveau d’avant la pandémie. Ces dernières semaines, les dépenses se sont à nouveau contractées de 3 à 6% en dessous du niveau d’avant la pandémie. Malgré un léger rebond pendant les vacances de Carnaval, il ne fait guère de doute que la consommation baissera au cours de ce trimestre.
La réduction de l’offre commence à se faire sentir
Nous suivons par ailleurs également les paiements entrants de nos clients professionnels, ventilés par secteur. Dans un contexte de hausse des prix, de pénurie de personnel et de perturbation de la chaîne d’approvisionnement, il n’est pas évident d’isoler l’impact de la guerre. Il est cependant clair que nos entreprises, tout comme celles du reste de l’Europe, traversent aujourd’hui une « perfect storm ». Cette situation commence à se faire sentir dans les chiffres d’affaires globalisés.
Au total, la forte inflation et les bruits de bottes pèsent sur l’économie. Et plus la guerre se prolongera, plus les dégâts seront importants. Certaines entreprises se voient déjà obligées de mettre leur production (partiellement) à l’arrêt à cause des difficultés à se procurer des matières premières ou de la hausse de leurs prix, ou encore parce que le régime de sanctions les y oblige.
Si cette situation se prolonge, l’impact sur l’économie réelle risque de s’amplifier, ce qui exigera des interventions de plus en plus fermes de la part des décideurs politiques pour concilier les objectifs (géo)politiques et économiques.
*Ces séries montrent une volatilité élevée à laquelle nous remédions en utilisant une moyenne mobile « lente » de cinq semaines. Les résultats de cet exercice doivent donc être interprétés avec une certaine prudence.