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Macroéconomie
12.10.2023
Arne Maes Senior Economist

L’économie belge évite la récession

Ces derniers mois, la BCE a pesé de tout son poids sur le frein monétaire. Conséquence : l’inflation a nettement ralenti, y compris en Belgique. La crainte d’un ralentissement de l’économie – voire d’une récession – semblait se confirmer. Ce ralentissement s’est en effet prolongé au troisième trimestre mais nos dernières estimations indiquent une (légère) croissance. La hausse des taux d’intérêt freine les investissements, ce qui laisse à la consommation le rôle de moteur de notre croissance. Malgré tout, des nuages continuent de s’accumuler au-dessus des petits commerçants.

Immédiatement après les vacances d’été, la BCE a relevé son taux de dépôt à 4%. Ce qui semblait mettre fin, du moins provisoirement, au cycle de resserrement. En 15 mois, le taux a augmenté de 4,5%. Pourquoi ? Pour maîtriser la flambée inflationniste. Et cela semble progressivement porter ses fruits.

Inflation

En octobre 2022, l’inflation harmonisée – la mesure favorite de la BCE – était de 11,5%. En Belgique, nous en étions à ce moment-là à 13,1%, soit moins qu’aux Pays-Bas (16,8%). Ce chiffre était bien entendu la conséquence directe des importantes augmentations des prix de l’énergie. Mais d’autres facteurs, comme l’inflation provoquée par la réouverture de l’économie après la pandémie de Covid-19 et par la tendance générale à répercuter (partiellement) les hausses des coûts sur les prix de vente, ont également fortement contribué à la hausse de l’inflation.

Alors que les prix de l’énergie baissaient, l’inflation alimentaire a pris le relais, suivie par l’inflation sous-jacente. Cette dernière s’élève habituellement à 1,5% dans notre pays mais, d’après les derniers chiffres, elle a grimpé depuis la mi-2021 pour atteindre plus de 6%. Le prix des aliments a bondi lui aussi. Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’inflation alimentaire augmente d’environ 1% par mois, pour une hausse de 20% en 18 mois.

Mais entre-temps, l’inflation totale a bel et bien ralenti. En Belgique, cette dynamique s’est d’abord accélérée grâce au traitement technique des aides à la facture énergétique. À partir de la fin de l’année, la situation devrait s’inverser et l’inflation pourrait reprendre. Dans l’ensemble, nous nous attendons à une inflation de 3,2% en 2023 et de 4% en 2024.

Atterrissage en douceur ?

Le resserrement monétaire a bien entendu un prix. La hausse des taux d’intérêt freine notre envie d’investir et de consommer. Avant l’été, nous nous attendions encore à une stabilisation du PIB belge au second semestre. Nos dernières estimations, basées sur les transactions entrantes et sortantes de nos entreprises clientes, montrent que l’activité économique a réellement augmenté depuis le début des grandes vacances.

La confiance des consommateurs s’est légèrement renforcée dans notre pays au cours du dernier trimestre mais s’est depuis lors à nouveau détériorée dans pratiquement tous les secteurs d’activités. Toutefois, cette inquiétude ne se traduit pas encore dans les flux financiers. Au final, nos estimations tablent sur une croissance de 0,2% pour le troisième trimestre.

Nous restons cependant préoccupés par les dépenses dans le commerce de détail. En termes nominaux, elles continuent à croître. Mais, si on exclut l’inflation, le volume moyen des transactions se situe aujourd’hui à son niveau le plus bas depuis quatre ans.

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Croissance positive, mais inférieure à la moyenne

Avec une croissance trimestrielle de 0,2%, la Belgique ne s’en sort pas trop mal. Pour l’instant, elle résiste mieux que les Pays-Bas et l’Allemagne, où le spectre de la récession a refait surface. Les taux pèsent sur les investissements : le nombre de transactions dans le secteur de l’immobilier résidentiel et la production de crédits hypothécaires sont en baisse. Mais, pour l’instant, un atterrissage en douceur semble être le scénario le plus probable, en particulier au vu de la bonne résistance du marché de l’emploi.

Sur base annuelle, nous tablons sur une croissance de 0,9% cette année et de 0,8% l’an prochain.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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