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Macroéconomie
20.06.2019
Koen De Leus Chief Economist

L'Europe peut-elle éviter la japonisation ?

La japonisation est une maladie économique caractérisée par une très longue période de faible croissance nominale et des taux d’intérêt exceptionnellement bas. La BCE tente d'éviter cela à tout prix. Mais sans l'aide des politiques européens, une nouvelle récession risque bien de nous pousser plus encore dans cette direction.

Qu'est-ce que la japonisation ?

Depuis l'éclatement, début 1990, de la bulle spéculative boursière et immobilière, l'économie nipponne affiche une croissance plus que chétive et on entend parler de déflation presque tout le temps. Depuis la grosse crise de 2008, les événements européens montrent pas mal de similitudes avec ceux du Japon. Raison pour laquelle nous parlons d’un risque de japonisation de l'Europe.  Les deux économies ont été touchées par des crises économiques successives. Les citoyens et les entreprises ont été forcés de faire des économies et les taux d’intérêt sont tombés à zéro. La réduction de la population active et une très faible productivité plombent le potentiel de croissance.

Au Japon, on a attendu trop longtemps pour se débarrasser des mauvais prêts.. Idem dans quelques pays européens.  

Heureusement il y a aussi d'importantes différences. La structure plus rigide du marché européen du travail fait qu'une forte baisse des salaires est moins probable. Les prévisions quant à l'inflation sont encore positives et les prix des actions et de l’immobilier se sont normalisés.  

 

Action politique vitale

Avec une inflation sous-jacente de moins de 1 % aujourd'hui, on risque néanmoins la déflation si une récession se produit encore en Europe. La BCE fera tout pour soutenir l'économie et l'inflation, mais sa marge de manœuvre est limitée.

Une union politique doit permettre aux 19 pays de la Zone euro de réagir plus rapidement. Une union fiscale évite que des pays déjà en crise doivent en plus faire de nouvelles économies. Une union des banques, enfin, coupe le lien qui existe entre les banques et leurs autorités nationales, ce qui éviterait de répéter la crise bancaire de 2010.

Avancer sera un défi dans une Union européenne politiquement divisée.  Mais l'autre perspective, c'est une très longue période de médiocre croissance, de déflation et de taux au plancher.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Koen De Leus Chief Economist
Koen De Leus (Bonheiden, 1969) détient un diplôme de master en sciences commerciales de la Economische Hogeschool Sint-Aloysius (EHSAL). Depuis septembre 2016, il occupe le poste d’économiste en chef au sein de BNP Paribas Fortis. Il est également professeur invité de la EHSAL Management School, notamment dans le domaine de la finance comportementale. En 2017, Koen a publié son livre « L'économie des gagnants : défis et opportunités de la révolution digitale », et en 2012, « Les règles d'or en bourse ». En collaboration avec Paul Huybrechts, il a écrit en 2006 « Au pays des vieux », un livre portant sur le défi social et économique du vieillissement de la population. En savoir plus

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