Depuis quelques jours, le monde entier a les yeux braqués sur l’Italie, et surtout, sur sa dette.
Le gouvernement populiste, a confirmé son intention de réduire son énorme dette publique en accroissant la richesse de l’économie (entendez grâce à davantage de croissance), et pas en instaurant une politique d’austérité. La dette dépasse les €2300 milliards actuellement, et elle n’a fait que monter depuis la crise financière (100% du PIB en 2007 et 132% aujourd’hui).
Pourquoi elle inquiète tant ?
C’est la plus importante d’Europe, à 132% du PIB, ce qui équivaut à plus de €2300 milliards. Si la Grèce a une dette publique encore plus importante en % de son PIB, en termes absolus, c’est évidemment nettement moins que celle de la troisième économie de la zone-Euro. Imaginer que l’on pourra « sauver l’Italie », comme on a « sauvé » la Grèce est donc totalement impossible. Les sommes à mettre sur la table pour y parvenir seraient complètement déraisonnables et personne ne serait d’accord.
Il y a toutefois des raisons d’être moins inquiets : la dette est de plus en plus italienne.
Le profil des détenteurs de la dette a bien changé au fil du temps et c’est une bonne chose pour la stabilité : aujourd’hui, la moitié est aux mains des italiens, dont un tiers sont des banques italiennes. Ces investisseurs sont par définition beaucoup plus stables que d’autres, car c’est leur propre dette publique qui est en jeu. La BCE, un autre investisseur stable par définition, détient aujourd’hui 17% de cette dette. Il reste donc environ 33% aux mains d’investisseurs institutionnels étrangers (dont des banques centrales des autres pays de la zone-Euro). Contrairement à la Grèce en 2011, la dette italienne sera dès lors moins la proie de spéculateurs volatils. Ceci est une très bonne chose, vu les montants en jeu.
Risques de contagion ?
Comme en 2011, de nombreux observateurs de marché redoutent un effet de contagion si les taux italiens devaient continuer de monter. Il est vrai que le programme annoncé par le nouveau gouvernement ne semble pas très réaliste, surtout parce que le financement des mesures phare est encore flou. En outre, tabler sur davantage de croissance pour permettre à ce programme de se financer est utopique. Depuis la crise financière, l’Italie est le pays qui affiche l’un des taux de croissance les plus faibles de la zone-Euro. C’est la rigidité de l’économie qui est unanimement pointée du doigt pour expliquer ceci et on voit mal pourquoi les choses changeraient si vite.
Attention donc ….. Les problèmes de dettes publiques se propagent souvent plus vite qu'on ne le pense.