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Marchés Financiers
03.11.2022
Sylviane Delcuve Senior Economist

Inflation et taux d’intérêt : l’équation qui dérange en 2022

L’inflation s’affole partout dans le monde, mais les taux d’intérêt ne sont pas au niveau auquel ils devraient être. Pourquoi ?

 

En 2022, les mois se suivent et se ressemblent, avec des chiffres d’inflation qui n’en finissent pas de grimper, malgré l’accalmie récente sur les prix de nombreuses matières premières, ainsi que l’énergie (pétrole, gaz et électricité). Au mois d’octobre, la hausse des prix a dépassé les 12,5% en Belgique, nous plaçant vraisemblablement en tête de peloton  européen.

Pourquoi un si mauvais score ?

Hormis les éléments classiques qui touchent tout le monde, le mauvais score belge s’explique sans doute en partie par les effets de l’indexation automatique des salaires. Celle-ci a pour effet de transmettre très rapidement toute hausse des prix sur les salaires et sur de nombreuses allocations sociales, alors que chez nos voisins, une inflation en hausse met plus de temps à percoler jusqu’aux salaires. Les manifestations dans les raffineries françaises en sont une belle illustration.

Des taux trop bas ?

Une chose est sûre : les taux d’intérêt sont encore beaucoup trop bas en regard de cette inflation galopante qui déstabilise toute l’économie. Le graphique ci-contre l’illustre parfaitement, avec des taux d’intérêt à 10 ans autour de 2,5%, bien loin du taux d’inflation. Nous nous sommes intéressés aux pics d’inflation précédents, à savoir ceux qui ont découlé des deux chocs pétroliers des années 70, pour constater que les choses ne s’étaient absolument pas passées de la même manière à l’époque. En effet, on voit très bien que les taux longs, alors, avaient augmenté dans des proportions très similaires à l’inflation.

taux depuis 1960

Qui financera les États ?

L’aberration actuelle est  liée à l’action des banques centrales. Celles-ci ont noyé le monde avec des liquidités créées de toute pièce, grâce à des achats de dettes publiques en quantités inouïes depuis de nombreuses années. Maintenant qu’il faut resserrer la politique monétaire pour briser cette inflation infernale, les banques centrales doivent certes monter leur taux, et elles le font, mais elles doivent surtout cesser ces achats de papier public. Se pose alors la question de savoir qui achètera les futures obligations publiques, étant donné les récentes détériorations notoires de nombreuses finances publiques.

Voilà sans aucun doute la meilleure explication du monde actuel, qui supporte si difficilement la moindre hausse des taux longs en dépit des chiffres d’inflation qui s’affolent.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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