Voici plusieurs mois que les taux américains remontent, petit à petit. La semaine dernière, la barre des 3% a de nouveau été franchie, avec son lot de conséquences, parfois inattendues, sur les marchés financiers.
La théorie économique mise à mal
Dans la théorie économique qu’on nous enseignait sur les bancs de l’université, quand le rendement des obligations d’Etat augmente, c’est mauvais pour la bourse. Pour rester investi en bourse dans un contexte de remontée des taux longs, l’investisseur exige un rendement supérieur pour les actions. Le rendement d’une action étant l’inverse du ratio « cours/bénéfice», ceci implique une baisse du cours de bourse. Une hausse des taux longs est donc mauvaise pour la bourse. Autant pour la théorie, car on assiste au phénomène exactement inverse en ce moment !
La semaine dernière, les taux longs américains sont remontés à leur plus haut depuis 7 ans et la bourse s’est littéralement envolée, pour franchir un nouveau record.
A quoi faut-il s’attendre si les taux (courts) montent encore ?
Ces derniers jours, la Banque Centrale Américaine multiplie les messages, et affiche sa volonté de lutter contre l’inflation. Ceci conduira immanquablement à de nouvelles hausses des taux, dès mercredi sans doute, que le Président Trump apprécie ou pas. On évoque d’ailleurs encore 3 ou 4 hausses à venir.
Quel scénario pour la suite ?
Les taux longs se sont mis à monter par anticipation d’inflation, en réaction aux bons chiffres de l’emploi et aux hausses de salaires qui en découlent. La crédibilité de la Banque Centrale Américaine est extrêmement forte, si bien qu’on peut penser que les taux longs ne monteront plus trop. C’est un élément important pour la poursuite de la croissance économique, car au stade actuel, une hausse trop rapide et trop importante des taux longs signifierait des difficultés à assurer le financement des dettes (privées et publique) ainsi qu’un accès plus difficile au capital. En pleine guerre commerciale, un tel schéma serait malvenu.
Les taux longs ne devraient pas monter beaucoup car l'appétit des investisseurs est revenu
Les taux longs pourraient toutefois ne pas monter beaucoup, car ils seront freinés par une force de rappel importante : l’appétit des investisseurs. A 3%, le marché obligataire américain redevient attractif. Les derniers chiffres relatifs à la détention étrangère de dette américaine montre que ces derniers ont été acheteurs nets cet été, malgré le repli des chinois. La dette américaine est détenue à hauteur de 64% par des étrangers, contre 42% en Allemagne et 36% en France. Comme la plupart des autres grandes banques centrales n’en sont encore qu’à évoquer la fin de leurs achats de papier public, on peut raisonnablement imaginer que la demande pour la dette américaine restera soutenue. Dès lors, il semble peu probable que les taux longs montent encore fort au cours des prochaines semaines. Ceci est plutôt une bonne nouvelle pour l'économie de l'Oncle Sam ....