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Microéconomie
30.04.2019
Arne Maes Senior Economist

Economie dynamique : les entreprises naissent et disparaissent

Les nouvelles entreprises sont souvent catalysatrices de l’innovation et bon nombre d’entre elles donnent un coup de pouce au marché de l’emploi. Une économie dynamique, au sein de laquelle des entreprises sortent rapidement de terre (pour ensuite disparaître si nécessaire), contribue à créer de la prospérité. Aux Etats-Unis, cette dynamique a beaucoup ralenti, mais quid de l’Europe ?

Ces dernières années, les entreprises américaines ont donc fait preuve de moins de dynamisme. C’est du moins ce que concluent Jason Furman, Peter Orszag et Wilson Powell dans leur contribution au PIIE (Peterson Institute for International Economics).Ils ont analysé le pourcentage d’entreprises actives créées au cours d’une année et qui ferment ensuite leurs portes. Le graphique ci-dessous montre qu’au cours de la période récente, le pays a vu naître chaque année 5% de nouvelles entreprises, soit trois fois moins qu’il y a 30 ans.

190430 - EE PIIE

Le processus de création (et de disparition) des entreprises est considéré comme une condition importante d’innovation dans l’économie. Le ralentissement de ce processus peut entraîner une sclérose du tissu économique et compliquer l’allocation (efficace) des rares moyens de production. Cette baisse de dynamisme est-elle un phénomène exclusivement américain ? Aperçu.

La Belgique : stable mais pas dynamique

Depuis 2008, Eurostat nous fournit les données sur les créations et fermetures d’entreprises*. Le graphique ci-dessous indique le nombre d’entreprises créées, exprimé en pourcentage du total des sociétés actives au cours de la même année. Pour la Belgique, ce chiffre est assez stable, aux alentours de 6%**. Ces données datent de 2016 (la dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles) et sont de loin inférieures à la moyenne européenne de 10%. Dans les pays voisins, on a créé relativement plus d’entreprises, même si le fossé avec l’Allemagne s’est réduit au cours des dernières années.

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En ce qui concerne les fermetures d’entreprises, le graphique ci-après montre que l’évolution est assez stable en Belgique, avec une moyenne d’environ 3%. Les économies française, et surtout néerlandaise, sont beaucoup plus dynamiques : en 2015, les entreprises néerlandaises avaient trois plus de risques de devoir fermer leurs portes que les entreprises belges. En Allemagne, le nombre de fermetures dépasse même le nombre de créations, ce qui a fait baisser de 6% le nombre d’entreprises au cours de la période analysée, soit 10 ans.

Picture4Impact sur l’économie

La dynamique modérée du tissu économique belge peut constituer un frein important pour la croissance économique du pays à long terme. Ces dernières années, des initiatives ont été prises pour s’attaquer à la faible mortalité des entreprises, comme Koen De Leus l’explique dans sa contribution. De plus, pour créer une économie véritablement dynamique, il est crucial d’encourager l’esprit d’entreprise.

* Il s’agit ici des codes NACE B-N, « Industrie et services marchands », à l’exception des holdings. Cette même catégorie est aussi utilisée dans le rapport de Statbel

** En se basant sur des données chiffrées plus détaillées, les économistes Bijnens et Konings concluent que les créations d’entreprises, hormis les sociétés de management et les sociétés patrimoniales, seraient plutôt en train de diminuer.

 

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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