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Macroéconomie
09.01.2018
Sylviane Delcuve Senior Economist

Discussions intéressantes en Allemagne ! Vers une semaine de 28 heures ?

L’économie allemande tourne très bien et commence même à manquer de main d’œuvre dans l’industrie. Les négociations salariales ont commencé dans l’industrie, mais c’est au niveau du temps de travail qu’une petite révolution se prépare peut-être.
L’Allemagne se porte bien … très bien même : la croissance y a atteint 2.8% au troisième trimestre de 2017, mieux que la moyenne de la zone euro et mieux que tous ses voisins ! Le marché de l’emploi ne s’est jamais porté aussi bien depuis la réunification, en 1990 : Le taux de chômage est même tombé à 3.6%, alors qu’il atteignait encore 5% il y a 5 ans et dépassait les 10% au lendemain de la crise financière, en 2009. Le chômage des jeunes a aussi poursuivi sa descente, passant de 8% il y a 5 ans à 6.6% aujourd’hui.

La pénurie de main d’œuvre commence d’ailleurs à se faire sentir, comme s’en plaignent de nombreux patrons d’entreprises. L’indicateur de confiance dans l’industrie, publié tous les mois par la Commission Européenne, illustre bien le phénomène (voir graphique) : nous y retraçons les facteurs qui limitent la confiance, et on voit bien que le manque de main d’œuvre pose problème outre-Rhin: l’indicateur n’a jamais été aussi haut ! La comparaison avec notre pays est d’ailleurs flagrante ….

C’est dans ce contexte que viennent de démarrer les négociations sur les hausses salariales du pays. Le plus grand syndicat, celui des métallurgistes ouvre le bal, comme toujours et revendique cette fois une hausse de 6% des salaires pour les 4 millions de travailleurs du secteur, mais aussi, et c’est là qu’est la nouveauté : une réduction du temps de travail ! Le syndicat demande que la semaine passe de 35 heures à 28 pour ses employés et demande que la perte de salaire qui en découlera soit en partie prise en charge par l’employeur, notamment pour les travailleurs qui ont de jeunes enfants à charge ou des parents âgés. La formule serait valable 2 ans, et l’employeur devrait garantir un travail à temps plein au terme des 2 années. Le syndicat menace de faire grève (une première depuis 2003) s’il n’obtient pas gain de cause, et il semble plus déterminé que jamais. Il faut dire que le contexte économique s’y prête …. Le patronat se dit prêt à augmenter les salaires de seulement 2%, mais c’est évidemment sur l’aménagement du temps de travail que nous sommes tous curieux de voir où les négociations vont mener. Les patrons estiment cette revendication intenable, car près de deux tiers de la population serait éligible, ce qui posera des problèmes d’organisation, des ateliers dépeuplés et des problèmes administratifs interminables.

Bref, c’est une petite révolution qui se prépare …..peut-être …
Industrie Allemagne

 

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Sylviane Delcuve Senior Economist
Master en Economie de l’ULB Economiste de la salle des marchés de la première banque du pays pendant 10 ans Responsable crédit pour les produits structurés. Nombreuses expériences dans l’enseignement : ULB, Solvay, ULG, HEC St Louis En savoir plus

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