Le coronavirus contre le réchauffement climatique
Le coronavirus a entraîné une réduction considérable de la pollution à certains endroits, et en particulier dans les centres-villes. Les émissions de CO2 ont diminué de 8 %, mais malheureusement cela ne contribue pas beaucoup à la lutte contre le réchauffement climatique et permet pas non plus de réduire le niveau de CO2 déjà présent dans l’atmosphère.
Le coronavirus a cependant provoqué une prise de conscience générale des dégâts que font nos vies trépidantes à notre planète. Nous devons profiter de cette dynamique positive pour définir une trajectoire de croissance plus durable sur le long terme. Ce n’est pas un choix entre l’économie et le climat. Il est parfaitement possible de vouloir l’économie ET le climat, malgré les dettes publiques élevées.
Biodiversité
Le Green Deal reste le fer de lance du changement de cap à effectuer. L’UE peut se servir du Green Deal européen pour s’attaquer aux causes des nouvelles épidémies. Car la déforestation, le déclin de la biodiversité et les changements climatiques augmentent la probabilité de futures pandémies. La déforestation rapproche les animaux sauvages des humains, ce qui accroît les risques de transmission d’un virus d’un animal à un homme. Et le réchauffement climatique multiplie les risques de nouveaux virus. Il y a aussi des connaissances scientifiques qui indiquent que l’exposition à une plus forte pollution augmente le taux de létalité du coronavirus.
En outre, les préoccupations accrues en matière de santé publique contribuent à accélérer le déploiement de modes de transport climatiquement neutres. Cela fait également partie du Green Deal. La baisse du prix du pétrole est vue par certains comme un obstacle à la transition accélérée vers les énergies renouvelables. Mais ce prix bas offre aussi l’occasion idéale de réduire les subventions implicites aux énergies fossiles, qui s’élèvent annuellement à 5 200 milliards de dollars selon le FMI. La moitié est le résultat du prix du carburant trop faible, qui ne prend pas en compte le coût des dommages externes.
Réduire les émissions de CO2
Augmentons son coût et utilisons les recettes pour développer une infrastructure plus ‘verte’ et investir dans l’économie circulaire. En échange d’une bouée de sauvetage financière, obligeons les entreprises en difficulté, y compris les compagnies aériennes, à prendre des engagements concernant la réduction de leurs émissions de CO2. Ca n’a rien de nouveau : en 2008, lors du sauvetage de l’industrie automobile, le secteur s’est également engagé à relever ses normes d’efficacité.
La digitalisation accélérée des processus de production et de vente avec le télétravail et l’e-commerce provoquera également une baisse des émissions. Et la diminution du nombre de voyages d’affaires aura le même effet. Zoom et Skype ont montré qu’il est possible d’organiser des réunions efficaces à distance.
Crédits verts
De plus, l’utilisation « d’obligations vertes » devrait être stimulée. Dans leur recherche de ressources financières, les entreprises peuvent faire appel à ces crédits verts pour se réorienter vers un modèle d’entreprise plus durable. Il ne faut pas que cela se fasse par pur altruisme. La sensibilisation du public au défi climatique s’est accrue. Les crédits verts deviennent plus attrayants, ce qui réduit à son tour le coût du financement pour les entreprises. En outre, l’objectif de durabilité d’un business model renforce l’attractivité des produits auprès du consommateur.
Enfin, l’Europe doit poursuivre sans relâche sa transition vers une économie neutre en carbone. Les investissements dans les énergies renouvelables – incluant ou non le nucléaire – s’inscrivent dans la réduction de notre dépendance énergétique aux importations de gaz et de pétrole. Cette évolution est positive dans tous les domaines : notre santé, le climat, notre tissu industriel et la création d’emplois.
Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise
Le Covid-19 ne déterminera pas l’avenir de l’humanité. Il faut pour cela plusieurs crises distinctes, mais néanmoins liées. Notre Terre se dirige vers la catastrophe à cause de notre incapacité à vivre de manière durable, et le Covid-19 est un avertissement. Nous exploitons les ressources de la Terre à un rythme plus rapide qu'elles ne peuvent se reconstituer, et les déchets et les substances polluantes sont libérés plus rapidement qu’ils ne peuvent être absorbés.
Lorsque l’ONU a été fondée après la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill a dit : ‘Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise’. Il savait que chaque crise pouvait apporter quelque chose de positif, et la crise actuelle n’est pas différente. La reprise des économies offre l’occasion d’échanger l’ancienne trajectoire de croissance contre un parcours plus durable. Si on peut fermer l’économie pour sauver les personnes âgées, ne devrait-il pas être possible aussi de la rouvrir tout en protégeant la vie des jeunes à long terme ? Faisons en sorte que cette reprise soit une véritable réinitialisation, et faisons bien les choses cette fois-ci.