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Macroéconomie
21.03.2025
Arne Maes Senior Economist

Balance commerciale belge : où en sommes-nous ?

La Belgique a perdu des parts de marché internationales, malgré l'impulsion de la production de vaccins due à la Covid. Les exportations ne dépassent plus les importations, ce qui ralentit la croissance économique. Le retard salarial avec les pays voisins s'atténue à nouveau, mais en même temps, les droits de douane menacent de peser sur le commerce avec les États-Unis. Alors que nous réserve l'avenir ?

Le commerce international est important pour notre pays. Les exportations représentent 84,2% du PIB. C'est beaucoup plus que la moyenne de l'UE (52%), de l'OCDE (34%) et des États-Unis (11%). Les exportations nettes (valeur des exportations totales d'un pays moins la valeur de ses importations totales), les exportations et les importations, exprimées en volume, contribuent à la croissance du PIB total. Cette contribution a été négative pour notre pays durant ces dernières années. Et il semble que ce sera toujours le cas dans un avenir proche.

Évolution récente

Le graphique ci-dessous montre l'évolution des importations et des exportations. Il convient de noter qu'il s'agit de chiffres nationaux. Et pas des chiffres nationaux utilisés pour le calcul du PIB. Il s'agit d'une différence substantielle, mais le niveau de détail le plus élevé disponible pour les chiffres nationaux aide à interpréter les complications récentes.

Tout d'abord, les lignes complètes montrent que l'an dernier, nous avons exporté (en vert) et importé (en rouge) pour un montant total près de 20% plus élevé que juste avant la Covid. En pleine pandémie, le montant était encore plus élevé. Cela s'explique en partie par la forte production de vaccins dans notre pays.

Le montant total est obtenu par une combinaison de changements de volume et de prix. Il est frappant de constater que les prix sont beaucoup plus élevés qu'il y a 5 ans. Les volumes, en revanche, sont considérablement plus faibles. Et c’est cette croissance en volume que nous voyons se refléter dans le PIB. Une grande partie des exportations belges est liée aux importations, mais la demande intérieure nécessite également des importations. La croissance plus rapide des importations (ou, comme aujourd'hui, la baisse plus lente) ne sera pas compensée par la même évolution des exportations. Ces dernières années, les exportations nettes ont donc contribué négativement au PIB.  Une contribution que nous ne voyons pas s'améliorer dans les années à venir.

 

Que nous réserve l'avenir ?

Après la flambée de l'inflation à la fin de 2022, l'indexation automatique des salaires dans notre pays a fait monter en flèche les coûts de main-d'œuvre par rapport à ceux des pays voisins. Dans son récent rapport annuel, la Banque nationale compare l'écart salarial nouvellement creusé avec la situation juste après la grande crise financière de 2008.

Le retard d'environ 6% lié au coût de la main-d'œuvre a été en grande partie éliminé grâce à la modération salariale au cours des 5 années précédant la pandémie de Covid. Ce retard s'est cependant accompagné une fois de plus d'une perte relativement importante de parts de marché à l'exportation. Dans ce contexte, le Conseil central de l'économie a déjà indiqué qu'il n'y avait pas de place pour des augmentations salariales conventionnelles pour la période 2025-2026, en plus de l'indexation.

La part du lion des exportations belges est destinée aux 3 pays voisins. En quatrième position, on trouve les États-Unis. Au cours des 5 dernières années, les États-Unis ont représenté en moyenne 6,3% des exportations belges totales et 6,6% des importations belges totales. La menace de droits de douane élevés pourrait faire baisser le volume des exportations vers les États-Unis à l’avenir.

La Banque nationale indique que les échanges avec les États-Unis sont particulièrement axés sur les produits chimiques et pharmaceutiques, qui ont représenté en moyenne 45% des importations et même 60% des exportations entre 2019 et 2024, comme le montre le graphique ci-dessous. Ceci est dû à l'implantation en Belgique de filiales de grandes multinationales américaines du secteur. La taxe sur ces biens ne devrait pas avoir d’impact majeur immédiat : elle concerne des produits dont l'élasticité-prix est plutôt faible. Le scénario le plus probable est donc que leur part retombe aux niveaux d'avant la pandémie, sans descendre nécessairement plus bas avant longtemps. Pas de détérioration supplémentaire donc, mais pour l'instant, le commerce international continuera de peser sur notre croissance et cela dans les années à venir.

Les opinions exprimées dans ce blog sont celles des auteurs et ne représentent pas nécessairement la position de BNP Paribas Fortis.
Arne Maes Senior Economist
Arne Maes (né en 1985 à Ekeren) détient un Master of Science en Ingénierie commerciale de l’université d’Anvers, avec spécialisation en politique économique. Au sein de la banque, Arne est expert en économie belge et travaille, de surcroît, à la création et l’entretien des modèles de prévision du service, ainsi qu’au développement de nouvelles idées de recherche. En savoir plus

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